« – Ça mérite un Tcha-kou-tcha, non? interrogea Mo, en toupillant à l’intérieur.
– Sûr, ça mérite, acquiesça Saï.
– Je dirais même un Tcha-kou-tcha d’urgence, ânonna Vish en faufilant son corps gonflé avec effort dans la béance.
Sur ce, le trio battit le rappel des troupes dans une danse sémaphorique, qui fit voleter le sol sablonneux. Bulbe bombé, branchies battantes, dans un boogie-woogie des bras, elles firent le balancier. Rapidement essoufflée, Vish s’interrompit et laissa Mo et Saï achever leur vigoureuse pantomime.
Peu à peu, une foule multiforme s’aggloméra autour d’elles, nageant, palpitant, rampant, glissant, floufloutant. Autour de la colonie échevelée se réunirent d’abord les baudroies cyclopes, la meute de méduses mercureuses et quelques poissons velus. Suivirent les crevettes bouffies, les homards chromés et l’escadron de crabes cornus. Enfin se joignit à l’auditoire la cohorte goudronneuse de concombres de mer.
– Que nous vaut ce grand ramdam? interrogea un vieux poulpe manchot avec autorité, une fois la Cour des Miracles ébrouée en cercle.
– Une-chose-pas-comme-les-autres-ronde-dure-et-molle-à-moitié-rayée-aussi-grosse-que-Krakenko-et-qui-coule-pas, lâcha Mo dans un souffle ravi.