Je poursuis le trajet du chant. Par malchance, il n'est pas suffisant en écriture, lui insufflerait-il de l'émotion. Le chant qui s'écrit doit se concerter avec des mots. Si ceux-ci s'écrivent sans lui, au lieu de s'enchaîner, ils se figent. Le chant, qui passe dans l'arrière-pays d'un livre, donne à l'écriture ce que la lumière donne à la peinture : il est plus intense que le sujet ou le style. Surgirait-il des mots ? Il se peut que je choisisse les mots non pas pour leur sens mais pour les sons qui s'en échappent lorsque l'écriture se lance dans le vide. p 18