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3.5/5 (sur 5 notes)

Nationalité : France
Biographie :

Simon Cottin-Marx est un sociologue, et aussi enseignant chercheur contractuel à CY Cergy Paris Université. Il est associé au LATTS (laboratoire Techniques, territoires et sociétés, UMR 8134).

Ses recherches s'orientent autour de trois thématiques principales :
- Sociologie du monde associatif
- Sociologie de relations professionnelles et du patronat associatif
- Sociologie de l'engagement

Il est aussi co-rédacteur en chef de la Revue Mouvements

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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
Avec 1,5 million d'associations actives, le monde associatif est multiforme, il se caractérise par une infinité de projets, de pratiques, d'acteurs, une diversité d'activités, de tailles, de modèles économiques, etc. C'est un monde d'engagements, de production de richesses et de travail. En 2017, un français sur deux est adhérent d'une association. 22 millions de personnes font du bénévolat et réalisent un volume de travail équivalent à environ 1,4 million d'emplois (en équivalent temps plein). Pris dans sa globalité, le monde associatif a un budget annuel cumulé de plus de 113 milliards d'euros et emploie 1,8 million de salariés. (p. 3)
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Une nouvelle génération de travailleurs associatifs se bouscule dans les réseaux associatifs et sur les sites spécialisés de recrutement pour travailler dans un secteur qui met en avant un « modèle alternatif de travail », un travail qui « a du sens », « engagé », « porteur de valeurs ».
Pourtant, loin de l’idéal, les conditions de travail y sont plus dégradées qu’ailleurs, et le monde associatif est devenu le terreau d’une nouvelle précarité. Depuis quelques années, des sociologues du travail associatif pointent une particularité du monde associatif : dans ce marché du travail, c’est le salariat « atypique » [CDD, contrats aidés, services civiques...] qui est typique. Les salariés du monde associatif sont fortement touchés par la précarité, c’est-à-dire par la discontinuité associée à la carence du revenu ou à la carence des protections. Comparé aux secteurs privé et public, le monde associatif est davantage marqué par de fortes disparités en termes de conditions de travail et d’emploi. (p. 94)
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[Les salariés associatifs] ont des propriétés sociales et des préoccupations proches de celles des fonctionnaires, réalisent une partie des missions de service public, sans pour autant profiter des conditions d'emploi du secteur public.
[...] Pour Mathieu Hély, dans cette nouvelle configuration du monde associatif, tout se passe comme si les salariés des associations réalisaient les missions du public dans les conditions du privé, voire dégradées par rapport à celles du privé classique. (p. 105-106)
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Si les conditions d’emploi sont globalement plus dégradées dans le monde associatif que dans le privé ou le public, pourquoi ces emplois trouvent-ils preneurs ?
Anne E. Preston [1989] avance la théorie du « don du travail ». Pour la chercheuse, les conditions de travail moins bonnes du monde associatif par rapport au secteur privé sont compensées par la production de bénéfices sociaux par les organisations dans lesquelles les salariés travaillent. [...] La contribution des individus au bien commun serait une compensation en profits symboliques qui rendrait acceptable une rémunération plus faible.
[...] Si cette explication apporte une part non négligeable à la compréhension du phénomène, pour Matthieu Hély elle n’est pas suffisante. Le statut de travailleur associatif, les conditions d’emploi et de rémunération peuvent aussi être le résultat d’une nécessité ou de l’inexistence d’autres choix. [...] Pour [lui], le monde associatif fonctionne comme une voie de sortie pour ceux désirant réaliser un travail au service de l’intérêt général, plutôt que dans un marché privé déterminé par la recherche de plus-values. (p. 103-105)
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En sociologie, Lionel Prouteau propose de distinguer plusieurs dimensions permettant de cerner le bénévolat.
La première est le caractère volontaire de l’activité. Les individus sont bénévoles de leur propre initiative, agissent sans obligation. La deuxième dimension est que la nature des gratifications reçues par le bénévole ne peut pas prendre la forme d’une rémunération monétaire ou en nature (même si les bénévoles peuvent être défrayés pour leurs activités bénévoles). La troisième dimension est que l’activité bénévole doit être tournée vers autrui : le bénévole ne peut être lui-même le seul destinataire des activités auxquelles il contribue. Enfin, la quatrième dimension concerne le lieu dans lequel l’activité est réalisée. Le bénévolat est une activité généralement et principalement associative, mais qui peut être également observée dans des organismes publics, et plus rarement dans des entreprises privées. (p. 73-74)
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En devenant des partenaires étroits des pouvoirs publics, les associations se trouvent prises dans une série de tensions et de contradictions qui tiennent au fait de devoir travailler avec l’État, de chercher à obtenir des financements de sa part, d’être parfois prises dans des relations de conventions ou de délégations de service public, tout en cherchant à contrôler, encadrer, voire à contester ses orientations et ses décisions.
Dans [certains] cas, nouer des relations partenariales avec les pouvoirs publics les empêche de mener des actions contestataires, les associations jouant un « rôle de filtre » au profit de l’administration et faisant le « jeu de l’État ». (p. 60)
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Viviane Tchernonog [...] montre que, pour répondre à la demande sociale grandissante, le secteur associatif a vu le poids des financements privés augmenter, et plus particulièrement de la participation des usagers au service rendu. Le développement de la vente aux usagers est un phénomène « qui n’est pas neutre ». En effet, « il conduit les associations à orienter davantage leur projet et leurs actions vers des publics solvables ». La participation des usagers devient alors une variable d’ajustement. Face à la relative contraction de nombreux financements publics, les associations se tournent vers les usagers. Dans le même sens, Donna Baines [...] remarque que le retrait, relatif ou non, des pouvoirs publics pousse les associations à faire appel à la générosité du public. Mais cela fonctionne de manière limitée. Faisant face à un sous-financement chronique, à l’insécurité financière des contrats publics, les associations redéfinissent leurs missions vers celles qui sont les plus rentables, efficaces, ou avec le plus grand impact. Elles vont aussi mettre moins l’accent sur l’innovation que sur la collecte et la recherche de fonds. (p. 58-59)
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Depuis les années 1980, le monde associatif a connu un important développement économique et une forte salarisation. Ce processus a eu pour corollaire une complexification de l’environnement associatif et la diversification/technicisation du rôle et des tâches des responsables associatifs, exigeant d’eux des compétences croissantes.
Pour décrire ce phénomène, Denis Bernardeau Moreau et Matthieu Hély parlent de « professionnalisation du bénévolat ». Celle-ci « s’exprime notamment par la participation bénévole qui requiert de plus en plus de compétences du fait de l’exercice de responsabilités particulières (la vie associative demanderait ainsi davantage de compétences administratives, gestionnaires et juridiques) ».
[Dans certains cas, des associations] mettent en œuvre de véritables stratégies pour attirer et retenir les militants opérationnels et expérimentés, et pouvoir ainsi disposer de main-d’œuvre bénévole dont les compétences professionnelles sont transférables dans la sphère associative. (p. 79)
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Cette dynamique n’est pas uniquement française mais plus globalement occidentale : aux États-Unis, au Royaume-Uni, au Canada, aux Pays-Bas, comme en France, les États-providence ont marqué un retrait au profit du secteur non lucratif dans son ensemble, même si l’on observe des disparités selon les champs d’intervention et les pays. Ces travaux en sciences sociales s’accordent pour souligner l’influence importante des pouvoirs publics, en particulier de l’État, dans le développement du monde associatif, et en particulier du monde associatif employeur. Les associations ont été utilisées comme exécutantes, sous-traitantes d’une part toujours plus importante des services sociaux par les pouvoirs publics, et cette externalisation de la mise en œuvre des missions de service public par les puissances publiques a participé à la salarisation du secteur non lucratif. (p. 56)
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L’utilisation du terme « bénévole » date des années 1970 et 1980. Pour Danièle Demoustier, ce terme apparaît tout d’abord accolé au terme « militant » : « militant bénévole », puis « bénévole militant ». Moins « politique » que le militant, la figure du « bénévole » va s’affirmer avec le renforcement du rôle gestionnaire des associations.
Le « bénévole » va aussi se distinguer d’une autre figure, celle du salarié. L’opposition entre bénévolat et salariat va se faire progressivement, poussée par la salarisation du monde associatif. L’arrivée de salariés dans les associations entraînant une division du travail croissante entre les fonctions d’administration, de direction, d’animation et d’exécution, cela a permis de mieux identifier les fonctions bénévoles : ce qui est fait librement, gratuitement, à titre non professionnel devient une activité bénévole. (p. 73)
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