Vidéo de Simon Van der Geest
Je ne te connais pas, et je vais pourtant tout te raconter. Il faut que je me confie à quelqu’un.
Mais tu dois réaliser dans quelle aventure je t’entraîne. Quand tu auras lu ce cahier, tu ne pourras plus faire marche arrière. Il faut que tu saches que tu vas être mêlé à notre guerre. Si tu n’en as pas envie, ou si tu n’oses pas écouter toute cette histoire, arrête de lire maintenant et range ce cahier. Range-le soigneusement. Dans un endroit où seul quelqu’un capable de garder un secret pourra le trouver. Quelqu’un de confiance.
Mais je ne crois pas que c’est ce que tu veux faire, sinon tu aurais déjà arrêté de lire.
Tu voix : je peux te faire confiance. Tu as de bonnes mains.
J’ai réfléchi toute la semaine, mais je n’ai pas vraiment d’animal préféré. Et dans notre jardin, il ne pousse que de l’herbe, je n’ai pas de père qui dirige une entreprise de tomates biologiques.
D’ailleurs, je n’ai pas de père. Seulement une mère.
Puis, soudain, j’ai trouvé. Oui, il existe un sujet qui m’intéresse et dont je ne connais encore rien.
Je vais faire mon travail sur les pères biologiques.
Un jour j'ai vu comment un ichneumonidé enfonçait son dard dans une chenille pour y pondre ses œufs. La chenille se tortillait et tremblait. Puis l'insecte s'est tranquillement éloigné. j'ai mis la chenille dans un pot à confiture et l'ai emportée pour voir ce qui allait arriver. Au bout d'une semaine, la chenille s'est tout à coup figée, et, le lendemain elle a éclaté. De petites larves en sont sorties. Il ne leur a fallu que quelques jours pour dévorer complètement la chenille de l'intérieur.
( p 181)
– Le village existait depuis longtemps, plusieurs centaines d’année, tu sais. Il avait été créé par les Africains qui avaient fui les propriétaires d’esclaves. Mais nous n’avons pas pu rester dans notre village. Il devait disparaître. Il a été englouti.
– Tout un village ?
– Plus de vingt villages. Toutes ces maisons se retrouvent aujourd’hui au fond du lac Brokopondo. Il fallait un barrage pour fournir de l’électricité. On nous a prévenus. On nous a dit : « L’eau va arriver, partez d’ici, on vous construira un nouveau village… » Mais nous avions vécu pendant des générations au bord du fleuve. Le fleuve, c’est notre vie ! Et ce nouveau village n’était pas au bord d’un fleuve. Qu’est-ce que nous irions faire là ?
Je t'imagine déjà installé, comme c'est le cas maintenant, avec ce cahier dans les mains. Tu fixes ces lettres. Et celles-ci. Et celles-ci. Tu plisses le front, puis tu souris un peu.
Tu ne sais pas ce que tu as dans les mains.