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Citation de Cannetille


Deux lords, un comte, un marquis et Son Altesse Royale l’Infante Pilar de Bourbon, duchesse de Badajoz, siègent au sein du comité de direction de Sotheby’s. Pour autant, ce prestigieux aréopage n’a jamais empêché la célèbre maison de ventes, née à Londres en 1744, de mettre des œuvres d’art ou des manuscrits contrefaits aux enchères.
Une garantie d’authenticité est bien imprimée dans tous leurs catalogues – quoique en tout petits caractères, et pour une durée de cinq ans. Mais en cas de « problème », la société (comme tous ses concurrents) peut faire valoir, et elle ne s’en prive pas, qu’elle agit comme simple mandataire, et décline toute responsabilité. À vous, client, de vérifier que l’article qui vous intéresse est authentique. Le principe du secret professionnel qui veut que l’on taise l’identité du vendeur et de l’acquéreur ajoute un degré d’obstruction supplémentaire, aux risques et périls du second.
C’est presque un rituel familier : une toile volée, ou une fausse chaise anglaise Chippendale, sont exposées en salle des ventes. Des doutes s’élèvent. La maison de ventes aux enchères demande au vendeur de rembourser, se protège en disant que ce n’est pas à elle de réguler le marché, et recommence six mois ou un an plus tard. En 1997, un reportage diffusé dans l’émission Dispatches sur Channel 4 montrait un employé de Sotheby’s à Milan en train de faire sortir illégalement un tableau de maître d’Italie : on découvrait tout le cynisme d’un système bien rodé ayant permis à quantité d’œuvres « sans provenance » transitant par l’Italie et l’Inde, et le plus souvent volées par des gangs de pilleurs, d’être tranquillement écoulées aux enchères en Grande-Bretagne avec la complicité de Sotheby’s.
Ce reportage provoqua une telle onde de choc (jusqu’à la une du Times, qui titra : « Sotheby’s et l’art de la contrebande ») que la société fut sommée d’assainir ses pratiques. Au mois de mars 1997, elle annonça en fanfare le lancement d’un vaste audit de 10 millions de dollars depuis son bureau new-yorkais sous la houlette de sa toute nouvelle directrice générale, Diana D. Brooks. 
Comme on ne tarderait pas à le découvrir, l’affaire du tableau volé révélée par le reportage n’était en rien un incident isolé, comme la charismatique Diana Brooks voulut le faire croire au monde entier ; l’incurie était systémique. Cerise sur le gâteau, Sotheby’s fut alors ébranlé par des accusations de fraude à l’encontre de son PDG, Alfred Taubman, soupçonné d’avoir conclu une entente sur les commissions avec Christie’s, son concurrent londonien. Le scandale contraignit Diana Brooks à la démission et valut à Alfred Taubman une mise en examen pour fraude et faute professionnelle, avec une possible peine d’emprisonnement à la clé.
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