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Nathalie Peronny (Traducteur)
EAN : 9782381340388
400 pages
Marchialy (28/09/2022)
3.76/5   50 notes
Résumé :
Comment devient-on un faussaire?? L’enfance de Mark Hofmann a été rythmée par les textes mormons. C’est adolescent, alors qu’il a accès à des livres critiques sur son Église, que sa foi se fissure. Se sentant trompé, il devient usurpateur. Il commence à forger de faux documents, d’abord pour moquer les hauts dirigeants mormons, puis enhardi par son succès, forge de faux poèmes d’Emily Dickinson. Mais pris au piège de sa propre folie, il finit par commettre l’irrépar... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (38) Voir plus Ajouter une critique
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En 1997, Daniel Lombardo, fondateur de l'Emily Dickinson International Society et conservateur des collections de la bibliothèque de la ville d'Amherst où vécut la poétesse, est fier d'acquérir, lors d'une vente aux enchères chez Sotheby's, un manuscrit inédit de la grande dame. Soucieux de mettre à la disposition du public le maximum d'informations relatives à cette trouvaille inespérée qui attire des foules de visiteurs à Amherst, l'homme entreprend des recherches pour identifier le destinataire du poème signé « Tante Emily ». Il tombe alors de haut : le manuscrit, pourtant vendu certifié par les plus éminents experts, n'est en réalité qu'un faux. Quel génial faussaire a-t-il donc su « cloner l'art d'Emily Dickinson », inventant un poème crédible et imitant l'écriture de la dame, au point de duper le monde ? C'est ce que Simon Worrall s'est attaché à investiguer, mettant au jour une histoire en tout point incroyable, mais vraie.


Né en 1954 dans une famille mormone de Salt Lake City, Mark Hofmann est adolescent lorsqu'il découvre avec colère l'imposture à l'origine de l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours et le charlatanisme de Joseph Smith, son fondateur. Cachant sa dissidence tout en entretenant un ardent désir de vengeance, il commence par forger de faux documents, doublant au jeu du mensonge les dignitaires de l'église mormone en leur faisant croire à l'existence de pièces fondatrices qui, et pour cause, étaient toujours demeurées mythiques. Mais, grisé par ses succès dans l'art de berner le monde, le faussaire qui, jusqu'ici, aurait pu plutôt prêter à sourire en arrosant les arroseurs, développe bientôt un trafic à grande échelle destiné à soutenir un train de vie de plus en plus dispendieux, et, finalement aux abois dans ce qui est devenu une véritable pyramide de Ponzi, finit par se muer en meurtrier pour éviter de se faire prendre.


Loin de se limiter au seul portrait, contrefait en banal père de famille, du plus habile faussaire de tous les temps, l'investigation érudite et approfondie de Simon Worrall fait découvrir au lecteur une quantité de sujets aussi étonnants que passionnants. Histoire et culture mormones ; art de l'imposture en passant par la graphologie, les neurosciences, les techniques de vieillissement de l'encre et du papier et les méthodes de détection de faux ; mécanismes psychologiques de « suspension consentie d'incrédulité » chez les victimes aveuglées par leur passion de la collection ; douteuse complaisance de certains acteurs – y compris parmi les plus vénérables, comme la maison Sotheby's – face aux enjeux des transactions sur le marché des oeuvres d'art, de la joaillerie et des manuscrits littéraires : il ne manque que l'humour d'un Philippe Jaenada ou d'un Grégoire Bouillier pour transformer en coup de coeur cette lecture si sérieusement extraordinaire.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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« Les éditions Marchialy ne publient de fiction sous aucune forme. / Ceci est une histoire vraie » nous prévient l'éditeur. Dans le cas de cette enquête, le Faussaire de Salt Lake City : Meurtres et manigances chez les Mormons, la précision n'est pas inutile tant l'histoire est par moments incroyable. Pourtant… Dans l'introduction, Simon Worrall, l'auteur, passionné par Emily Dickinson, se renseigne sur un poème inédit de l'autrice, qui a finalement été considéré comme un faux. Dans le prologue, on voit un faussaire en pleine rédaction d'un texte. Puis l'homme fabrique une bombe... le livre raconte en fait deux enquêtes : celle de l'auteur et celle de Daniel Lombardo que l'on rencontre au premier chapitre, le « conservateur des collections spéciales de la bibliothèque Jones à Amherst », où Emily Dickinson a résidé. Passionné par son métier, Lombardo a considérablement enrichi les collections de la bibliothèque. Quand il entend parler d'un poème inédit de son autrice fétiche, il se démène pour réunir des fonds. Il obtient 24,000 $. Il pourra donc enchérir jusqu'à 21,000 $, le reste de la somme étant le pourcentage destiné à la maison Sotheby's. Et Lombardo remporte les enchères ! Mais il a appris que le poème était passé par les mains d'un célèbre faussaire alors en prison : Mark Hofmann « avait défrayé la chronique au début des années 1980 en fabriquant de faux manuscrits sensationnels visant à saper les principes fondateurs de l'Église mormone » (p. 39), ce qui suffit à faire douter de l'authenticité du poème attribué à Dickinson. Pour que la maison Sotheby's accepte de rembourser la bibliothèque comme elle s'y est engagée par contrat, Lombardo doit alors absolument prouver que le poème est un faux. Pas simple : personne ne veut se mouiller…
***
Simon Worrall nous raconte donc l'enquête de Lombardo sur le faux manuscrit et sa propre enquête, et parfois celle de Lombardo, sur Mark Hofmann. J'espérais que ce serait passionnant. Cependant, dès le début, je me suis perdue dans les multiples noms d'intermédiaires, d'acheteurs, de vendeurs, d'employés de Sotheby's, de bibliothécaires, etc., au point d'avoir beaucoup de difficultés à suivre le fil de l'enquête. Qu'il s'agisse de l'origine des Mormons, de leur évolution, de leurs divisions, des multiples contrefaçons qui accompagnent leur histoire comme de la rancoeur que nourrit Hofmann envers cette communauté à laquelle il appartenait, le lecteur se retrouve noyé sous une foule de détails souvent (trop souvent) totalement superflus, à mon avis. J'ai été découragée en lisant la composition exacte du convoi pendant le voyage à Salt Lake City : tout y est jusqu'au nombre de poules… Au milieu de cette enquête décousue et de cette foultitude de renseignements disparates, on trouve des pages passionnantes : l'histoire du crayon à mine de plomb, l'explication précise de l'acte d'écrire, la manière dont l'hésitation dans le tracé d'une lettre peut semer le doute, le type de recherches pour déceler les faux manuscrits, quelques faussaires célèbres, etc., et la totale désinvolture d'une grande maison comme Sotheby's... Je ne doute pas qu'une enquête si détaillée puisse passionner les spécialistes et certains lecteurs férus du sujet. Je suis pour ma part restée sur ma faim.
***
Je remercie l'opération Masse critique privilégiée de Babelio et les éditions Marchialy pour l'envoi de ce livre. Les détails de la composition du livre (illustration de couverture, typographie, etc.) qui paraissent après l'achevé d'imprimer se révèlent pleins d'humour. J'espère que Martin Violette n'a pas été repris : il a beaucoup de talent.
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Comment un jeune mormon élevé dans dans la plus stricte des religions est-il devenu un talentueux faussaire, capable de tromper les plus grands spécialistes mondiaux ?
Tout va partir d'une lettre attribuée à la poétesse Emily Dickinson, qui fera l'objet d'une expertise poussée à des fins d'authentification.
Ce documentaire est passionnant, il est extrêmement riche de détails et de faits et nous apprend comment Mark Hofmann, un jeune homme révolté par les mensonges inculqués par les dirigeants mormons va devenir un faussaire exceptionnel pour les ridiculiser.
Mais pris au jeu et désireux de s'enrichir, il va ensuite créer des centaines de faux documents attribués à des personnages célèbres, hommes politiques, écrivains…
On saura tout sur la datation d'une feuille de papier, du vieillissement de l'encre, des habitudes d'écriture des grands auteurs, etc…
L'auteur va à la fois nous parler de contrefaçons exceptionnelles mais aussi de la vie de Mark Hofmann, un faussaire de talent devenu meurtrier.
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Un roman très intéressant et je salue l'auteur pour ses recherches qui l'ont mené à où il ne s'y attendait pas. Une enquête telle un thriller ! Qui aurait cru que la poésie pouvait mener à cette finalité ?

Mark Hofmann est mormon d'éducation mais rejette cette religion, comme les autres d'ailleurs, et il va mener sa vie autour d'un seul objectif : détruite le mythe de cette église ! Très intelligent, il va devenir un faussaire d'une extrême qualité, capable d'imiter beaucoup d'écritures ! Je me suis retrouvée en admiration devant cette capacité extraordinaire !

L'auteur, Simon Worrall est un enquêteur minutieux et curieux mais il a laissé trop de détails dans son livre, qui nous baladent de droite à gauche tout en oubliant d'où l'on arrive !

Mes difficultés de lecture ont été accentuées par la mauvaise qualité de l'édition numérique en ma possession : les numéros de pages et les notes de bas de pages étaient eu milieu du texte et même de mots !! Il m'a fallu faire un bel exercice de réflexion pour m'y retrouver !

Ma curiosité a pris le dessus sur ma gêne mais malgré ces défauts de mise en page, les détails restent trop nombreux et j'ai parfois sauté des paragraphes redondants !

Ca n'en reste pas moins un “fait divers” intéressant, avec une audience très large dans le milieu de la vente aux enchères et de l'Art !

#LeFaussairedeSaltLakeCity #NetGalleyFrance #rentreelitteraire2022

Challenge 50 objets 2022/2023
Challenge ABC 2022/2023
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Ce documentaire passionnant raconte deux enquêtes, celle menée par Dan Lombardo sur un poème d'Emily Dickinson et celle de l'auteur sur Mark Hoffman, un faussaire de génie, elles se recoupent et se complètent.

Dan Lombardo est conservateur à la bibliothèque d'Amherst, ville où Emily Dickinson vécut en recluse au dix-neuvième siècle. Il s'occupe des manuscrits, l'établissement n'en possède que trois de la star locale, car une grande partie des lettres et poèmes a été détruite après sa mort, aussi lorsqu'il entend dire qu'un inédit de 1871 va être mis en vente par Sotheby's, il rassemble des donateurs pour récolter l'argent nécessaire à cet achat qui se montera à vingt-quatre mille dollars avec la commission. Mais peu après l'acquisition du poème, qui doit être livré quelques semaines plus tard, un bruit court qu'il s'agirait d'un faux écrit par Mark Hoffman, un homme qui a défrayé la chronique en 1985. Sotheby's affirme que le texte n'est pas faux, mais reste très vague sur sa provenance, ce qui met la puce à l'oreille du bibliothécaire qui se met à enquêter, car c'est à lui de prouver que le texte est falsifié s'il veut être remboursé.

L'auteur entend parler de cette polémique et décide d'en savoir plus sur Mark Hoffman, le faussaire le plus génial connu à ce jour, en prison pour le meurtre de deux personnes. Il est né en 1950 dans une famille mormone d'origine suisse. Ses parents sont très fervents et l'élèvent sévèrement, surtout son père. Cette secte impose de nombreuses contraintes, de plus le père a des responsabilités dans la communauté. Dès l'âge de douze ans, Mark a des doutes sur ces fondements religieux, ce dont il ne peut évidemment parler à personne, de plus sa grand-mère a subi un mariage plural, un secret de famille qu'il découvre aussi à ce moment-là, mais sa mère refuse d'en parler. le mariage plural est interdit depuis 1905, mais continue à se pratiquer dans le plus grand secret. Peu à peu, Mark se rend compte que le fondateur de cette religion n'est pas le prophète qu'on lui a dit, mais un escroc génial qui a su abuser de la crédulité de son milieu d'agriculteurs pauvres, puis d'autres personnes pour fonder sa religion. Il prétend avoir découvert des plaques d'or gravées de hiéroglyphes, qu'il aurait traduit dans le livre de Mormon, mais personne n'a jamais vu ces plaques tout droit sorties de son imagination fertile, comme il abusait des jeunes filles, en bon gourou, il a décrété le mariage plural. Mark se sent profondément abusé à son tour par cet enseignement sectaire et décide de se venger en produisant de faux écrits mormons qui dénigrent la pensée dominante, il les attribue à des contemporains de Joseph Smith, car la polémique a marqué la congrégation dès ses débuts. Les autorités mormones ont tellement peur que leur vérité soit contestée qu'ils achètent les faux manuscrits de Mark, qui a un commerce de livres anciens. Il n'agit pas par appât du gain, du moins au début, mais peu à peu se prend au jeu et contrefait près de cent trente auteurs américains célèbres ou non. Il développe une technique infaillible pour la fabrication de l'encre, du papier et arrive à se mettre dans la tête des auteurs par l'auto-hypnose, il parvient même à contrefaire les premiers imprimés du pays, datant de des années 1640, mais petit à petit, il devient trop gourmand, ce qui le poussera au meurtre.

Ce livre est vraiment passionnant, j'ai particulièrement aimé les chapitres consacrés aux mormons et à leur origine que je connaissais mal. Certes, Mark a abusé de leurs responsables, mais ils ne se sont jamais donné la peine de faire contrôler par un expert reconnu tous ces textes tombés du ciel, leur seule crainte étant que le public apprennent leur contenu explosif et l'auteur souligne qu'ils manquaient de compétences historiques. Toutefois, les contrefaçons étaient si parfaites que même les experts de la bibliothèque du Congrès s'y sont laissés prendre. On ne connaît la liste des faux que parce que Hoffman les a reconnus dans ses aveux alors qu'il était déjà en prison.

On apprend tout sur l'écriture, l'acte d'écrire, l'encre, son vieillissement, la fabrication du papier etc. C'est passionnant, mais beaucoup trop détaillé, souvent on se perd dans des détails sans importance ou des listes infinies d'experts et d'intermédiaires dans le marché du livre ancien. Cela donne une impression de fouillis et on doit soi-même trier ces trop nombreuses informations. C'est cette volonté d'exhaustivité qui me fait ne donner que quatre étoiles et non cinq à ce livre, par moment trop dense inutilement.

L'auteur souligne aussi la complicité que les maisons d'enchères entretiennent avec les faussaires, elles ne cherchent pas à savoir la provenance des oeuvres vendues et c'est à l'acheteur de faire la preuve qu'il y a eu tromperie. Quand on sait les milliards brassés sur le marché de l'art en général, on ne peut qu'être choqué de ce manque de probité. le faux poème continue de circuler, ainsi que d'autres contrefaçons, car il se trouve toujours des vendeurs encore plus malhonnêtes que Hoffman pour profiter du système. Dans le dernier chapitre, l'auteur assiste justement à l'arrivée du faux poème dans une boutique de Las Vegas où il va être remis dans le circuit.
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Citations et extraits (44) Voir plus Ajouter une citation
Au moment d’embarquer à Greenwich [en 1638], il emporta clandestinement une presse typographique, 60 livres de papier et quelques caisses de bouteilles d’encre. Il emmena aussi un imprimeur professionnel. Pour des raisons liées au contexte juridique et administratif de l’époque, le nom de ce dernier ne figure pas sur le manifeste de bord : seuls les membres de la Stationer’s Company, créée par charte royale, avaient le droit d’exercer l’activité d’imprimerie. Ceux qui ne respectaient pas les termes de cette franchise s’exposaient à de graves pénalités. « Je remercie Dieu », écrit sir William Berkley, gouverneur royal de Virginie, en 1671, « qu’il n’y ait ni écoles ni imprimeries libres, et j’espère qu’il en sera ainsi pendant des siècles ; car l’éducation a fait naître la désobéissance, l’hérésie, les sectes, et l’imprimerie les a propagées dans le monde… Que Dieu nous préserve de ces deux fléaux. »
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Sans surprise, la nouvelle religion de Smith se heurta dès le départ à un problème de crédibilité. La plupart des Américains réagirent exactement comme ils le firent un siècle plus tard face aux adeptes du mouvement raëlien ou de la secte Moon. L’histoire du mormonisme était aussi teintée de violence, à l’image des territoires qui la virent naître, où les armes à feu avaient souvent le dernier mot. Les schismes se réglaient fréquemment dans un bain de sang. La société secrète des Danites, ou « Anges vengeurs », était chargée d’éliminer les ennemis de la nouvelle religion. Mais l’aspect le plus controversé du mormonisme était sans conteste son acceptation de la polygamie.
Joseph Smith était un prédateur sexuel. En 1830, à l’âge de 25 ans, il lui fallut fuir précipitamment la petite ville d’Harmony, en Pennsylvanie, accusé par Hiel Lewis, la cousine de son épouse, de « comportement déplacé ». Une certaine Mary Elizabeth Rollins Lightner affirma qu’il avait tenté de la « séduire » alors qu’elle avait à peine 12 ans. Smith avait utilisé le boniment classique : au cours d’une vision, Dieu lui aurait ordonné de la prendre pour épouse plurale. Ces fameuses visions allaient se succéder tout au long de sa vie : au moment de son assassinat en 1844, il avait contracté plus de quarante « mariages célestes ». Les adolescentes semblaient particulièrement l’intéresser. Sa stratégie consistait à faire pression sur ses amis proches pour qu’ils acceptent de lui céder leurs filles ou leurs épouses, usant de flatteries ou de menaces pour parvenir à ses fins. C’était en même temps un test de loyauté, et une façon d’instaurer une forme de solidarité primitive et tribale au sein de sa communauté : en faisant des enfants aux femmes et aux filles de ses plus fidèles amis, il tissait de solides liens génétiques avec eux. En 1843, à l’âge de 37 ans, le fermier miséreux du Vermont était devenu le patriarche d’une vaste colonie implantée à Nauvoo, dans l’Illinois. Les tentes et les cahutes des premiers adeptes avaient cédé la place à 1 500 chalets en rondins et plus de 300 maisons en briques avec des échoppes et une loge maçonnique. Smith ouvrit un magasin d’alimentation générale. Les produits, achetés à crédit, n’étaient jamais remboursés. En 1842, il recourut à la méthode classique des escrocs : il se déclara en faillite.
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Une autre motivation, plus personnelle et plus profonde, alimentait sa passion pour les livres jeunesse. Dans ces volumes magnifiquement illustrés, qu'Hofmann gardait dans un coffre, sous clé, dans son atelier de faussaire, il trouvait un écho avec sa propre personnalité, excentrique et enfantine. Des oeuvres comme Alice au pays des merveilles, La chasse au Snark ou encore Le Hobbit de Tolkien ouvraient des portes vers un monde fantastique de transformations, de magie, d'illusion et de cruauté qui ressemblait beaucoup à son propre paysage intérieur. Surtout, ils lui offraient une échappée du monde réel, qui commençait à se resserrer de plus en plus autour de lui.
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Deux lords, un comte, un marquis et Son Altesse Royale l’Infante Pilar de Bourbon, duchesse de Badajoz, siègent au sein du comité de direction de Sotheby’s. Pour autant, ce prestigieux aréopage n’a jamais empêché la célèbre maison de ventes, née à Londres en 1744, de mettre des œuvres d’art ou des manuscrits contrefaits aux enchères.
Une garantie d’authenticité est bien imprimée dans tous leurs catalogues – quoique en tout petits caractères, et pour une durée de cinq ans. Mais en cas de « problème », la société (comme tous ses concurrents) peut faire valoir, et elle ne s’en prive pas, qu’elle agit comme simple mandataire, et décline toute responsabilité. À vous, client, de vérifier que l’article qui vous intéresse est authentique. Le principe du secret professionnel qui veut que l’on taise l’identité du vendeur et de l’acquéreur ajoute un degré d’obstruction supplémentaire, aux risques et périls du second.
C’est presque un rituel familier : une toile volée, ou une fausse chaise anglaise Chippendale, sont exposées en salle des ventes. Des doutes s’élèvent. La maison de ventes aux enchères demande au vendeur de rembourser, se protège en disant que ce n’est pas à elle de réguler le marché, et recommence six mois ou un an plus tard. En 1997, un reportage diffusé dans l’émission Dispatches sur Channel 4 montrait un employé de Sotheby’s à Milan en train de faire sortir illégalement un tableau de maître d’Italie : on découvrait tout le cynisme d’un système bien rodé ayant permis à quantité d’œuvres « sans provenance » transitant par l’Italie et l’Inde, et le plus souvent volées par des gangs de pilleurs, d’être tranquillement écoulées aux enchères en Grande-Bretagne avec la complicité de Sotheby’s.
Ce reportage provoqua une telle onde de choc (jusqu’à la une du Times, qui titra : « Sotheby’s et l’art de la contrebande ») que la société fut sommée d’assainir ses pratiques. Au mois de mars 1997, elle annonça en fanfare le lancement d’un vaste audit de 10 millions de dollars depuis son bureau new-yorkais sous la houlette de sa toute nouvelle directrice générale, Diana D. Brooks. 
Comme on ne tarderait pas à le découvrir, l’affaire du tableau volé révélée par le reportage n’était en rien un incident isolé, comme la charismatique Diana Brooks voulut le faire croire au monde entier ; l’incurie était systémique. Cerise sur le gâteau, Sotheby’s fut alors ébranlé par des accusations de fraude à l’encontre de son PDG, Alfred Taubman, soupçonné d’avoir conclu une entente sur les commissions avec Christie’s, son concurrent londonien. Le scandale contraignit Diana Brooks à la démission et valut à Alfred Taubman une mise en examen pour fraude et faute professionnelle, avec une possible peine d’emprisonnement à la clé.
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Le capitalisme roi, un marché dopé par les coups de com’ et surtout un public crédule ayant plus d’argent que de bon sens : tous ces éléments ont fait de notre époque un nouvel âge d’or de la contrefaçon littéraire.
(…) à la fin des années 1990, quand le faux poème d’Emily Dickinson fut mis aux enchères, s’acheter un morceau du gâteau de mariage des Windsor, vendu chez Sotheby’s à New York pour 27 000 dollars, était du dernier chic pour les amateurs de glamour rêvant de s’offrir une part (sans mauvais jeu de mots) des célébrités qui les fascinaient. Et comme l’a montré la vente des objets personnels de Marilyn Monroe chez Christie’s, il n’y a pas de limite à ce que les gens sont prêts à dépenser pour se rapprocher de leurs idoles : le nécessaire à maquillage de la star, estimé à 1 000 dollars au départ, est parti pour un quart de million. La même année, la maison de ventes Guernsey’s, située elle aussi à New York, a adjugé la balle de base-ball frappée par Mark McGwire lors de son 70e home-run pour 3,2 millions de dollars. (…)
C’est notre obsession de la célébrité qui est à l’origine de la plupart des scandales de contrefaçons littéraires de ces vingt-cinq dernières années. Qu’il s’agisse de la fausse autobiographie du milliardaire reclus Howard Hughes par Clifford Irving, de la fausse correspondance entre JFK et Marilyn Monroe apparue à New York au début des années 1990, ou du journal intime de Jack l’Éventreur, prétendument retrouvé en Angleterre en 1993, ce sont toujours les nouvelles révélations « explosives » contenues dans ces documents qui augmentent leur valeur. La plupart de ces faux sont médiocres d’un point de vue technique. Mais le tourbillon permanent de l’info, la course aux scoops et le manque d’éthique des médias ont rendu le public prêt à croire n’importe quoi.
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