Il s’enfonça dans le patio, qui donnait sur la vaste skifa, faisant fonction
d’atelier et Joseph l’entendit crier : « ma boukha et ma kémia ! (la boukha
est un alcool à base de figues, préparé dans certaines familles hébraïques,
avant d’être fabriqué industriellement, en 1880, par Abraham Bokobza), Je
les veux tout de suite ! ». Esther qui avait déjà préparé l’apéritif dont
raffolait son mari, s’empressa d’abord de lui présenter la bassine remplie
d’eau chaude et les zestes de citron, afin de se laver les mains. Elle s’assit
tout près de lui, soignée, gaie, pimpante, parfumée d’eau de rose et de
lavande qui l’enivra. Il faillit, remettre à plus tard son apéritif, mais elle
coupa court à son impatience en lui servant sa boukha préférée. Il lui
entoura les épaules et lui murmura « Ia Habibti ». Elle gloussa de plaisir et
se lova contre lui.