AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de Glaneurdelivres


Je suis née par césarienne en 1988, à Moscou, en Union Soviétique. Ce que je sus de ma naissance se résuma longtemps à ces trois informations. L’origine du monde, les cols et les corridors des matrices féminines étaient des mystères plus opaques que l’enfer de la promiscuité dans les appartements communautaires, la couleur des chaussettes de Brejnev ou le contenu des livres auto-édités photocopiés en cachette.
Mes parents quittèrent l’U.R.S.S. en 1991, quelques mois seulement avant que son grand corps ne se transforme en puzzle de bras détachés, jambes souveraines et extrémités autonomes. A la fois toile de fond tenace et personnage principal, l’Union Soviétique hantait tous leurs récits.
Immigrés russes à Paris, l’Hexagone que mes parents ne connaissaient que par les romans de Dumas ne tint pas ses promesses. Les Français étaient arrogants, leurs règles de politesse étaient tels des cerbères veillant sur des coquillages creux. Personne ne lisait, ou seulement les livres au programme, et encore. Enfant, mes livres soviétiques étaient écrits en vers et merveilleusement illustrés. (..) Leurs couleurs étaient vives et joyeuses. Elles prônaient l’amitié, l’entraide et la solidarité entre les peuples.
Quand je fus en âge d’entrer à l’école primaire, mes grands-parents restés en Russie me firent parvenir des livres, des cahiers et des brochures. Ils étaient « destinés à l’éducation féminine ».
Ces manuels exploraient « tous les champs de l’activité féminine » : la cuisine, la couture, la broderie, le repassage, le ménage. « Tout ce que les jeunes filles doivent savoir, absolument tout », louait mon grand-père.

(p.89-90) – extrait de « Nina » de Marina Skalova
Commenter  J’apprécie          83





Ont apprécié cette citation (7)voir plus




{* *}