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Citation de Glaneurdelivres


C’est drôle, j’ai passé des années à clamer que nous n’avions rien à voir avec nos voisins ; aujourd’hui je réalise à quel point mes souvenirs d’enfance résonnent avec ceux de mes copines bulgares, roumaines, tchèques…, à quel point ce qui nous a construites s’ancre dans les mêmes mythes fondateurs.
De salon en médiathèque, je me retrouve souvent assise aux côtés d’écrivaines venant d’ex-pays de l’Est. Parmi les remarques émanant de lectrices et lecteurs, une constante : nous écrivons sur l’absence de liberté dans laquelle nous avons grandi avec douceur souvent, avec humour surtout. Que répondre à cela ? Que la plupart du temps l’absence de liberté est leur lecture et rarement notre projet d’écriture ? Que le fait qu’on n’ait jamais eu besoin de trois plombes pour choisir une lessive lorsque nous faisions nos courses nous a libéré du temps pour développer notre sens de l’humour ? Que nous racontons souvent, entre autres, des enfances heureuses ? Que notre notion de liberté et les critères qui la définissent, c’est une bien vaste question ?
Après ses rencontres, nous allons boire des coups et nous rions. La Bulgare et la Roumaine se chamaillent, s’accusant mutuellement de pisser dans le Danube. Nous brassons le folklore de nos souvenirs d’enfance et le ponctuons de soupirs en constatant le désastre que nos anciens pays sont devenus. Pas chez toutes évidemment, mais chez beaucoup d’entre nous, les moqueries sur les aberrations des systèmes dans lesquels nous avons grandi se teintent d’effluves de nostalgie.
-De Sonia Ristic (p. 110-111)
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