Ça et là, des gens lisaient, comme elle, assis sur une veste ou une couverture, rêvassaient au soleil, prenaient des postures de yoga, rebondissaient sur de mini-trampolines ou bien mitraillaient des selfies sous toutes les coutures. Comme elle détestait cette mise en scène grotesque de soi-même postée sur les réseaux sociaux... Il fallait à tout prix que le monde entier fût le témoin d'un bonheur apprêté, de ces sourires béats ou grimaçants dans l'instantanéité, de ces langues impudiques qui semblaient lécher l'écran telles des limaces, dans une obscénité répétitive et figée... Même les politiques se prêtaient à ce triste jeu.
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