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J'accepte toute critique que l'on peut faire de mon œuvre et ce d'autant plus naturellement qu'à mes yeux, la forme que prend ma peinture est secondaire. Mon style est ce qu'il est, il est reconnaissable en tant que tel et me définit aux yeux des spectateurs : à la fois classique par la technique que j'emploie, passant par l'ébauche, les glacis et les empâtements, et surréaliste dans ma manière un peu délirante de traiter mes sujets. Ma fondamentalement, les questions formelles ne me préoccupent pas. De toute façon, depuis le XXe siècle, en peinture tout a été fait : on a été classique, impressionniste, expressionniste, cubiste, abstrait, on a brûlé et tailladé des toiles, on a tenté toues sortes d'expériences plastiques... Aujourd'hui, ce médium a clos son histoire et son vocabulaire est limité, comme les mots d'un dictionnaire. Il n'en demeure pas moins que je suis très conscient de mon héritage et de ma dette : Goya, les miniatures du Moyen ⁼Age, Léonard de Vinci, Tintoret, Van Gogh, De Chirico, Picasso, Duchamp. Le style d'un artiste n'est jamais que le résidu de toutes les influences qui l'ont parqué : c'est ce qui reste quand il s'est débarrassé de ce qui l'a nourri.