Sophie Ginisty

« Un livre. »
Je détestais qu’on me dérange pendant mes lectures. Pourquoi les gens ne comprenaient-ils pas que lire était une échappatoire, une façon de s’évader de ce monde, de s’isoler dans un univers que seul l’esprit pouvait atteindre ? Pourquoi ne pouvaient-ils pas comprendre qu’empêcher un homme de lire était aussi impoli qu’empêcher un croyant de prier ?
Et pourquoi ressentaient-ils toujours ce besoin de parler ?
Sûrement parce que c’était la seule façon de manipuler les mots qu’ils connaissaient. Ils ne percevaient pas la puissance des verbes posés à l’écrit sur une feuille de papier, eux qui pour la plupart étaient illettrés et n’avaient pu feuilleter comme livre que le Guide.

« C’est une bien jolie monture que tu as là.
— Il a été dressé par le meilleur éleveur que je connaisse.
— Mais il n’est pas sauvage, et ne l’a jamais été. Cela se voit dans son regard. Il lui manquera toujours une partie de lui-même.
— Quelque chose que tu n’as jamais connu ne peut pas te manquer.
— Est-ce donc vrai ? Un orphelin qui n’a jamais connu ses parents ne souhaiterait donc jamais en avoir ? »
Je restai silencieux, pensant à mon frère. Il disait vrai.

« - Qu’est-ce que vous lisez?
Je terminais à peine le deuxième chapitre qu’Helenr s’asseyait à mes côtés.
- Un livre.
Je détestais qu’on me dérange pendant mes lectures. Pourquoi les gens ne comprenaient-ils pas que lire était un échappatoire, une façon de s’évader de ce monde, de s’isoler dans un univers que seul l’esprit pouvait atteindre ? Pourquoi ne pouvaient-ils pas comprendre qu’empêcher un homme de lire était aussi impoli qu’empêcher un croyant de prier ? Et pourquoi ressentaient-ils toujours ce besoin de parler ? Sûrement parce que c’était la seule façon de manipuler les mots qu’ils connaissaient. »

Ce monde d’Humains dans lequel j’évoluais et que je faisais prospérer parfois malgré moi me rebutait un peu plus chaque jour, et c’était bien pour ça que je le fuyais.

C’est une bien jolie monture que tu as là.
– Il a été dressé par le meilleur éleveur que je connaisse.
– Mais il n’est pas sauvage, et ne l’a jamais été. Cela se voit dans son regard. Il lui manquera toujours une partie de lui-même.
– Quelque chose que tu n’as jamais connu ne peut pas te manquer.
– Est-ce donc vrai ? Un orphelin qui n’a jamais connu ses parents ne souhaiterait donc jamais en avoir ?
Je restai silencieux, pensant à mon frère. Il disait vrai.

La plupart des gens ont besoin de croire en quelque chose, ça les aide à avancer, leur foi les soutient tout au long de leur vie. Mais les idées auxquelles ils se raccrochent ne sont que des emblèmes...

J’étais seul dans ce monde et je devais l’affronter par mes propres moyens.

Je ne voyais plus, je ne sentais plus.
Je n’étais plus que souffrance.