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Citation de Sihampeace


11 « Tu pleures sur des hommes qu’il ne faut pas pleurer, quoique tes paroles soient celles de la sagesse. Les sages ne pleurent ni les vivants ni les morts ;
12 Car jamais ne m’a manqué l’existence, ni à toi non plus, ni à ces princes ; et jamais nous ne cesserons d’être, nous tous, dans l’avenir.
13 Comme dans ce corps mortel sont tour à tour l’enfance, la jeunesse et la
vieillesse ; de même, après, l’âme acquiert un autre corps et le sage ici ne se trouble pas.
14 Les rencontres des éléments qui causent le froid et le chaud, le plaisir et la douleur, ont des retours et ne sont point éternelles. Supporte-les, fils de Kuntî.
15 L’homme qu’elles ne troublent pas, l’homme ferme dans les plaisirs et dans les douleurs, devient, ô Bhârata, participant de l’immortalité.
16 Celui qui n’est pas ne peut être, et celui qui est ne peut cesser d’être ; ces deux choses, les sages qui voient la vérité en connaissent la limite.
17 Sache-le, il est indestructible, Celui par qui a été développé cet univers : la destruction de cet Impérissable, nul ne peut l’accomplir ;
18 Et ces corps qui finissent procèdent d’une Ame éternelle, indestructible,
immuable. Combats donc, ô Bhârata.
19 Celui qui croit qu’elle tue ou qu’on la tue, se trompe : elle ne tue pas, elle n’est pas tuée,
20 Elle ne naît, elle ne meurt jamais ; elle n’est pas née jadis, elle ne doit pas renaître ; sans naissance, sans fin, éternelle, antique, elle n’est pas née quand on tue le corps.
21 Comment celui qui la sait impérissable, éternelle, sans naissance et sans fin, pourrait-il tuer quelqu’un ou le faire tuer ?
22 Comme l’on quitte des vêtements usés pour en prendre de nouveaux, ainsi l’Ame quitte les corps usés pour revêtir de nouveaux corps.
23 Ni les flèches ne la percent, ni la flamme ne la brûle, ni les eaux ne l’humectent, ni le vent ne la dessèche.
24 Inaccessible aux coups et aux brûlures, à l’humidité et à la sécheresse, éternelle, répandue en tous lieux, immobile, inébranlable,
25 Invisible, ineffable, immuable, voilà ses attributs ; puisque tu la sais telle, ne la pleure donc pas.
26 Quand tu la croirais éternellement soumise à la naissance et à la mort, tu ne devrais pas même alors pleurer sur elle :
27 Car ce qui est né doit sûrement mourir, et ce qui est mort doit renaître ; ainsi donc ne pleure pas sur une chose qu’on ne peut empêcher.
28 Le commencement des êtres vivants est insaisissable ; on saisit le milieu ; mais leur destruction aussi est insaisissable : y a-t-il là un sujet de pleurs ?
29 Celui-ci contemple la vie comme une merveille ; celui-là en parle comme d’une merveille ; un autre en écoute parler comme d’une merveille : et quand on a bien entendu, nul encore ne la connaît.
30 L’Ame habite, inattaquable, dans tous les corps vivants, Bhârata ; tu ne peux cependant pleurer sur tous ces êtres.
31 Considère aussi ton devoir et ne tremble pas : car rien de meilleur n’arrive au Xatriya qu’une juste guerre ;
32 Par un tel combat qui s’offre ainsi de lui-même, la porte du ciel, fils de Prithâ, s’ouvre aux heureux Xatriyas.
33 Et toi, si tu ne livres ce combat légitime, traître à ton devoir et à ta renommée, tu contracteras le péché ;
34 Et les hommes rediront ta honte à jamais : or, pour un homme de sens, la honte est pire que la mort.
35 Les princes croiront que par peur tu as fui le combat : ceux qui t’ont cru
magnanime te mépriseront ;
36 Tes ennemis tiendront sur toi mille propos outrageants où ils blâmeront ton incapacité. Qu’y a-t-il de plus fâcheux ?
37 Tué, tu gagneras le ciel ; vainqueur, tu posséderas la terre. Lève-toi donc, fils de Kuntî, pour combattre bien résolu.
38 Tiens pour égaux, plaisir et peine, gain et perte, victoire et défaite, et sois tout entier à la bataille : ainsi tu éviteras le péché.
39 Je t’ai exposé la Science selon la Raison (Sankhyâ) ; entends-la aussi selon la doctrine de l’Union (Yôga). En t’y attachant, tu rejetteras le fruit des oeuvres, qui n’est rien qu’une chaîne.
Ici point d’efforts perdus, point de dommage ; une parcelle de cette loi délivre
l’homme de la plus grande terreur.
41 Cette doctrine, fils de Kuru, n’a qu’un but et elle le poursuit avec constance ; une doctrine inconstante se ramifie à l’infini.
42 Il est une parole fleurie dont se prévalent les ignorants, tout fiers d’un texte du Vêda : « Cela suffit », disent-ils.
43 Et livrés à leurs désirs, mettant le ciel en première ligne, ils produisent ce texte qui propose le retour à la vie comme prix des oeuvres, et qui renferme une abondante variété de cérémonies par lesquelles on parvient aux richesses et à la puissance.
44 Pour ces hommes, attachés à la puissance et aux richesses et dont cette parole a égaré l’esprit, il n’est point de doctrine unique et constante ayant pour but la contemplation.
45 On trouve les « trois qualités » dans le Vêda : sois exempt des trois qualités, Arjuna ; que ton âme ne se partage point, qu’elle soit toujours ferme ; que le bonheur ne soit pas l’objet de ses pensées ; qu’elle soit maîtresse d’elle-même.
46 Autant on trouve d’usages à un bassin dont le eaux débordent de tous côtés, autant un brâhmane en reconnaît à tous les Vêdas.
47 Sois attentif à l’accomplissement des oeuvres, jamais à leurs fruits ; ne fais pas l’oeuvre pour le fruit qu’elle procure, mais ne cherche pas à éviter l’oeuvre.
48 Constant dans l’Union mystique, accomplis l’oeuvre et chasse le désir ; sois égal aux succès et aux revers ; l’Union, c’est l’égalité d’âme.
49 L’oeuvre est bien inférieure à cette Union spirituelle. Cherche ton refuge dans la raison ! Malheureux ceux qui aspirent à la récompense.
50 L’homme qui reste uni à la raison se dégage ici-bas et des bonnes et des mauvaises oeuvres : applique-toi donc à l’Union mystique : elle rend les oeuvres heureuses.
51 Les hommes d’intelligence qui se livrent à la méditation, et qui ont rejeté le fruit des oeuvres, échappent au lien des générations et vont au séjour du salut.
52 Quand ta raison aura franchi les régions obscures de l’erreur, alors tu
parviendras au dédain des controverses passées et futures ;
53 Quand, détournée de ces enseignements, ta raison demeurera inébranlable et ferme dans la contemplation, alors tu atteindras l’Union spirituelle. »
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