Stanislav Grof

Pour décrire la nature exquise de ces visions, je me référais à Schéhérazade, aux Mille et Une Nuits et à la beauté éblouissante de l'Alhambra et de Xanadu. À l'époque, ce furent les seules associations que je pus faire. Aujourd'hui, je pense que ma psyché était parvenue, d'une
certaine manière, à produire un éventail chaotique d'images fractales semblables aux représentations graphiques d'équations non linéaires, telles qu'en produisent les ordinateurs modernes.
Je passai ensuite de cet univers esthétique sublime à une rencontre et àune confrontation avec ma psyché inconsciente. Il est difficile de trouverles mots pour décrire la fugue enivrante d'émotions, de visions et d'intuitions révélatrices sur ma vie et l'existence en général auxquelles j'eus accès,à ce niveau de ma psyché. C'était d'une telle profondeur et si bouleversant que l'intérêt que je portais à la psychanalyse freudienne passa instantanément à l'arrière-plan. Je n'en revenais pas de tout ce que j'avais appris durant ces quelques heures. Ce festin esthétique à vous couper le souffle et la richesse de cette introspection psychologique auraient été, à eux seuls,largement suffisants pour faire de ma première rencontre avec le LSD une expérience des plus mémorables.