Elles n’étaient pas revenues sur leur dispute, mais le mal était trop profond pour pouvoir être soigné. Toutes leurs autres querelles, même les plus vives, s’étaient effacées. La vie reprenait son cours, le temps apposait sur les plaies le cataplasme des jours, jusqu’à ce que les blessures se rouvrent à la querelle suivante et que chacune énumère toutes ses rancœurs contenues, comme on compte ses points à la fin d’une partie de cartes. Mais cette dispute-là était d’un tout autre genre. Ce n’était pas une escarmouche. C’était une déclaration de guerre - une guerre totale. La plaie était gangrenée. Il fallait tailler dans le vif, amputer.