Emouvant, personnel, sans fioriture. L'un des plus beaux romans que j'ai lu.
Comme tant d'Algériens, [mon fils] a du mal à admettre la diversité confessionnelle qui caractérise le Moyen-Orient. Comment un Arabe peut-il être chrétien ? Tous ceux et celles qu'il connaît en Algérie son musulmans.
« Mais ce sont les chrétiens d'Orient, lui dis-je. Ce sont les chrétiens des origines. » « Et Jésus ? » rétorque-t-il.
Jésus n'est ni français ni danois. Il est palestinien. (p. 174-175)
Toutes ces plages qui paraissent si normales, toutes ces autoroutes, ces villes, ces bars, ces cafés, ces restaurants, ces gens qui déambulent sur les trottoirs, ces panneaux d'indication avec leurs noms de lieux, pourquoi ont-ils besoin de check-points pour les protéger ? Qu'ont-ils fait pour se sentir menacés à ce point ? […]
Tu es l'Ennemi. Pour le moment, je te vois ainsi : armé d'un gros mensonge et d'une technologie très sophistiquée, tu es le plus fort. Mais je devine aussi tes peurs et ta fragilité. Quant à moi, je dispose d'une arme indestructible. Elle ne se voit pas car elle est à l'intérieur de moi-même. Elle s'appelle blessure. C'est ma blessure. J'ai aussi une carcasse très résistante. Alors, basta ! Arrêtons de nous mentir l'un à l'autre. (p. 130-131)
Je sais qu'il y a l'occupation et la répression, que les Israéliens ne nous laissent pas bouger, qu'ils tirent sur quiconque lève la tête. […] Tout finira par s'arranger. Gardons la tête baissée pour le moment. Ils finiront par déguerpir, ces sales militaires. Au nom de Dieu, ils ne savent pas qui on est ! Mais nous, nous sommes les samaritains, les vrais juifs. […] Regardez notre chandelier à sept branches. Nous avons la foi et nous avons l'amour de notre terre que nous n'avons jamais quittée. Nous ne sommes pas comme les autres, qui reviennent ici en racontant des salades. Nous sommes les samaritains et Dieu nous écoute… (p. 165-166)
«Je l'ai abandonnée (la Palestine) à son sort et elle m'a rendu le mien».
Il y aura bientôt Ghazza. Encore Ghazza. Toujours Ghazza. Ghazza de nouveau. Elle revient comme un boomerang. Déterminée à frapper et prête à mourir. Oui, mais elle meurt et vit en même temps. Hostile et accueillante à la fois, meurtrie, sanguignolente, la chair en lambeaux. On dirait qu'elle est héroique. Elle palpite en moi; en fait, elle ne m'a jamais quittée ; je suis son enfant et elle est ma mère....
Une mère, ça ne vous quitte pas, ça ne vous quitte jamais. J'ai appris tout cela. Je le sais.