Je cherchais, parmi les bourgeois qui attendaient à l'écart, le monsieur bedonnant et âgé qui répondrait à l'image que je m'étais faite, depuis la première lecture de sa lettre, de ton futur mari.
Un homme grand et mince s'est avancé, vêtu de la chemise à franges des coureurs des bois. Il s'est appuyé sur sa longue carabine et m'a regardée longuement, en silence. Le soleil couchant m'empêchait de voir son visage et éclairait le mien que je sentais déjà rougissant. Pour un fiancé, il ne me parut pas galant. Peut-être était-il déçu ? J'avais juste eu le temps de poser au hasard, probablement de travers, une coiffe sur mes cheveux ébouriffés. La vie de camp n'est pas propice à la coquetterie.
Pourtant, une phrase aimable ne coûte rien, ni un mot de bienvenue. Le sieur de Rouville a dit brusquement: «Je vous verrai ce soir à Bon-Secours», et, tournant les talons, il s'en alla discuter avec un des Hurons qui nous accompagnait. Il parlait avec des gestes autoritaires, et les autres semblaient le craindre.