Extrait - Les PIES
Elles cassent les oreilles, on voudrait fuir. Les chiens leur aboient, les chiens n'aiment pas « de leur voir faire leur manège », rien n'y fait, elles se perchent sur le pommier devant la ferme, elles ne partiront que lorsqu'on aura pleuré.
Une mauvaise nouvelle est en route. Les oiseaux sont rarement trompeurs. Rabiour est persuadé qu'ils ont une espèce de T.S.F. à eux pour les renseigner.
Par trois fois la femme du garde est arrivée du bourg, porter des dépêches. Une porteuse ne doit pas dire ce que contient le papier, mais puisqu'elle l'a écrit sous la dictée du téléphone, ses voisins se chargent de la vulgarisation des secrets. Sans rien dire, on donne à comprendre.
Il n'y a pas à être sorcier pour deviner le genre de littérature qu'elle transporte à travers la région. Les bonnes nouvelles lui donnent des jambes, les gens sont mieux disposés pour une annonciatrice de joie que pour une messagère de peine. Depuis qu'elle est facteur cette femme a grandi, elle a pris de l'expérience.
Rabiour en la regardant passer est semblable aux oiseaux, une communication s'établit qui l'avertit de loin que cette fois-ci, le malheur est proche.
Il arrête les ébats de César et de Papillon : « Le pauvre moussu, leur dit-il, on le verra plus ! » Souviens-toi, Papillon, que tu n'en as jamais vu un moins fier avec le monde. Un savant, c'était lui. Il était trop intelligent, trop amateur des livres, le savoir et la réflexion lui ont mangé sa vie. Celui que le malheur poursuit, il n'y a pas de grotte où il puisse se cacher, même en payant ».
De la vallée, des rumeurs montent, des cris d'appel, des chevaux qu'on attelle et qui piaffent, le monde de la ville s'annonce, des moteurs ronflent.
Pauvre Monsieur ! Je l'entends dire : " Rabiour, tu es un bon berger, tu es un bon pasteur, mais tu n'es pas le bon pasteur. Avec ton ignorance de l'école, tu es plus savant que l'instituteur, Rabiour enseigne-moi ce que dit le vent". ....
Le Jacques eu Chausson, aux pommes
Triomphe des simples.
Se mêler de faire la cuisine, non dans une « Tour d'Argent » ou d'ivoire, mais dans une simple cuisine, la faire avec le souci d'être utile, la faire pour les autres, quelle joie féminine !
Chaque jour passe, qu'un autre remplace, où l'on recommence dans le silence de menues besognes, à épousseter, à récurer, à allumer le feu, à faire « respirer la cheminée » !
Le Jacques, de tout temps, a symbolisé le paysan.
En Auvergne, lorsqu'on dit: « c'est un Jacques », il y a un sens de commisération et un sens péjoratif, intraduisibles en bon français.
Le Jacques est encore un « chausson aux pommes » le plus modeste, le plus « maison » d'entre les gâteaux.
Faire une pâte comme celle des croissants, l'étendre au rouleau, la découper en ovales de douze centimètres de long. Garnir la moitié de l'ovale avec des tranches de pommes crues saupoudrées de sucre. Rabattre la moitié libre sur la partie couverte de pommes, en laissant la partie du dessous un peu plus longue que l'autre de manière à pouvoir fermer le chausson, en formant avec les doigts de petits festons.
Dorer le dessus du « Jacques » avec du jaune d'œuf, le saupoudrer de sucre et l'enfourner à four chaud. Laisser cuire environ vingt minutes.
On fait le Jacques avec des prunes et des abricots, aussi bien qu'avec des pommes.