La langue française est truffée de sexisme. Elle porte en elle l’héritage d’une histoire marquée par la domination des hommes. Elle a été sculptée, structurée, modelée, réglementée par les hommes au travers des époques où les femmes étaient tenues à l’écart de la littérature, des institutions linguistiques et de l’espace public
Cette requalification sert deux fonctions. D’une part, elle nous déresponsabilise en tant que société : si la violence machiste est un emportement imprévisible, notre échec flagrant à la prévenir est excusable. D’autre part, cela nous rassure en nous distanciant du problème. Les agresseurs sont des monstres, des prédateurs sexuels, des hommes bizarres, maniaques, fous : tout le contraire de nos pères, frères, amis, patrons, voisins (et du lecteur lui-même !). Si la violence était le résultat d’une socialisation sexiste à laquelle personne n’échappe, ce serait bien plus inquiétant
Les formes féminines tronquées (les suffixes) ont des conséquences néfastes sur la représentation des femmes : 1) elles nuisent à l’apprentissage des formes féminines ; 2) elles minimisent l’importance des femmes en les présentant sous une forme réduite ; 3) elles enlèvent toute visibilité et toute existence aux femmes, parce que ce qui n’a pas de nom n’existe pas
Tant les masculinistes que les néolibéraux qui nous gouvernent traitent les indicateurs statistiques comme des données neutres dans la mesure où les deux groupes en présence (ici les hommes et les femmes) seraient dans une position sociale symétrique où tantôt un groupe, tantôt l’autre aurait un avantage ou un désavantage.
Au réductionnisme universaliste qu’il y a souvent derrière l’égalitarisme (la tendance à tout réduire à du « un » et à homogénéiser), le féminisme doit opposer un pluriversalisme qui rende possible diverses façons d’être au monde sans que cette diversité ne soit source d’inégalité.
À vous de vous approprier ces connaissances, de faire vôtres nos colères, de vous attaquer à votre tour à l’injustice en refusant de participer au sexisme linguistique. À vous d’accorder vos paroles à la mélodie de vos valeurs.
Penser en termes de rapport social implique de prendre en considération au moins quatre éléments : la construction sociale, l’existence d’un conflit, les positions asymétriques des parties et une base matérielle
la frigidité supposée des femmes ne fait jamais uniquement référence au fonctionnement anatomique de leurs organes sexuels, mais bien surtout à une conception de leurs rôles sexuels et sociaux
Le meurtre d’une femme par son conjoint est presque toujours contextualisé comme un fait divers – un événement par définition banal, sans conséquences, anodin
Notons que l’approche du droit suppose que toute avance à caractère sexuel par un homme envers une femme est voulue par celle-ci, à moins de preuve contraire