AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de Livretoi


1. Aral
* Pétrole et force vitale procèdent du même principe : l'être humain recèle un gisement d'énergie que des forages propices peuvent faire jaillir.
* J’avais deux solutions pour mener ces réflexions : poser mon cul sur une chaise de bois et, la tête dans les mains, creuser la question avec la pelle du silence et du temps. Ou bien actionner les rouages de mon corps, battre le tapis des steppes, recourir à mes ressources physiques pour tailler la route à travers un univers de prédation des réserves naturelles et nourrir mes interrogations. J’ai parié que le mouvement est le derrick de la pensée. Les idées jailliront mieux sous les pas du vagabond que sous le couvercle de la méditation.

2. Oustiourt
* Je rêvais de l’Oustiourt depuis des années. Le nom seul gonflait d’excitation mes voiles intérieures.
* Sous les ciels délavés, les veines d’acier des oléoducs convoient le sang de la modernité.

3. Steppes kazakhes
* L’énergie déserte les êtres qui connaissent trop bien les recoins du labyrinthe de leur vie, ceux qui n’attendent plus rien des instants à venir et ceux qui, par peur de l’inattendu, s’enferment dans le mur de l’habitude. À chaque tic-tac de l’horloge du temps, les parois leur renvoient l’écho du tic-tac précédent au lieu de leur chanter la musique de l’inconnu ! Reich, le savant fou de l’énergie orgonique parlait de la « cuirasse de l’habitude». Pour avancer dans le couloir du temps, il faut donc choisir son camp en saisissant son arme : soit un bouclier frappé au blason de l’habitude, soit une épée tranchante pour faucher l’obscure lumière de l’imprévisible.
* Le voyage est l’intervalle entre les habitudes de l’homme.

4. Aktau
* La steppe est le rabot des nerfs. Mais quand le soleil en caresse le tapis, elle devient la rampe de lancement de l’inspiration.

7. Azerbaïdjan
* Le soir, pour rattraper ces heures offertes à l’effort, j’écris pendant une ou deux heures dans mon cahier. L’écriture contrairement au raffinage du brut consiste à réduire de la matière au lieu de la libérer. Écrire c’est condenser la vie et la compresser entre les couches du papier. J’ai souvent l’angoisse de la page blanche : aurai-je assez de papier pour décrire tout ce que je vois ?
* La nostalgie est une paresse. Elle autorise à ne pas traquer dans l'époque les raisons de se réjouir. Elle permet de se contenter d'effeuiller les pages des grimoires au lieu d'écrire les propres lignes du temps présent. La nostalgie, fauteuil spongieux qui vous engloutit par le cul, comme si on s'asseyait dans une mangrove. Il est plus facile de cueillir des souvenirs dans le panier du passé que de ramasser les champignons du présent poussés à ses pieds. La nostalgie est un agent désénergétisant. Une suceuse.

8. Caucase géorgien
* Les livres sont des barils de brut. En eux, dort la pensée. Elle est contenue entre les feuilles comme les hydrocarbures entre les strates. Pour se libérer, la force des mots attend le raffinage de la lecture. J’aime les écrivains reliés à la dimension cosmique du monde, avec la voûte du ciel pour buvard.

9. Anatolie
* Le voile est l’étrange aveu d’une panique devant les manifestations de la beauté. Exige-t-on du paon qu’il se rogne les ailes ?

10. Kurdistan
* S’ajoutant à l’épaisseur de la glu atmosphérique, à seize heures, retentit 1’appel du muezzin. Un premier filet de voix tombe du ciel bientôt rejoint par les autres incantations qui naissent une à une de chaque point cardinal. L’écheveau des chants finit par se fondre en une mélopée dissonante. Elle pénètre le crâne comme une coulée de plomb brûlant. Faut-il donc qu’on doute à ce point de la grandeur de Dieu pour devoir la proclamer publiquement, cinq fois dans un seul jour ?
* Tenir le voile pour une nécessaire protection du visage c’est avouer que le regard est sale.
* La fin d’un voyage, cette petite mort. Les voyages comme la vie se terminent toujours abruptement.
* Le voyage est l’intervalle entre les habitudes de l’homme.
Commenter  J’apprécie          30





Ont apprécié cette citation (3)voir plus




{* *}