- [...] Obtiendrais-je l'accord de mon frère pour traverser ses Etats avec mon armée ? Ou devrai-je lui faire la guerre pour aller défendre le pape ?
- Ah, voilà bien les hommes ! soupira la reine. Comme si la violence était la seule voie !
- Parfait ! Alors, que proposez-vous ?
- Envoie-moi en ambassade auprès du roi Didier et du Saint-Père ! Je me fais fort de pacifier l'Italie sans verser une goutte de sang. Tu ne m'en crois pas capable ?
- Hélas, mère, soupira Charles en levant les yeux au ciel, je vous crois capable de tout !
Ils disent qu'il est plus juste de donner le nom de roi à l'homme qui exerce effectivement l'autorité royale* qu'à celui qui n'en a que le titre**.
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* Pépin le Bref
** Childéric
- En temps de guerre, le roi ne doit-il pas être aussi brave que ses guerriers pour les conduire à la victoire ?
- Si, bien sûr !
- Eh bien, en temps de paix, un roi doit avoir autant d'instruction que ses clercs pour les conduire à la justice. Un illettré peut gober n'importe quelle sornette, croire n'importe quel imbécile, et prendre de mauvaises décisions. Mon fils, je te l'ordonne et de le recommande, sois désormais plus attentif aux leçons de ton maître d'école !
A cet homme grand et fort, à la carrure impressionnante et à la sombre beauté, on ne connaissait aucune faiblesse ni aucun sentiment humain. Il se montrait aussi courageux qu'impitoyable, son caractère était aussi tranchant qu'une lame et plus froid qu'un glaçon.
Ces derniers mois, mon noble époux a envoyé au Astolf des ambassadeurs au dessus de tout soupçon qui ont été, à chaque fois grossièrement renvoyés. Votre cher frère a fait ce qui était en son pouvoir pour ramener la paix en Italie. P69