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Citation de Marlpaulie


Mais Mathurin abandonna bientôt les mots et se mit lui aussi à dessiner, faisant un usage particulièrement intense des couleurs qu'il appliquait par taches contrastées.
Des couleurs exacerbées, éclatées comme des fruits trop mûrs. Des couleurs qui n'existaient même pas dans les prés et le champs de Terre-Noire en été, et peut être même nulle part ailleurs dans la nature. Des couleurs jaillies de son seul désir. Le corps d'Hortense qu'il dessina ainsi se mit alors à se distordre en images folles, ivres de couleurs crues, en perpétuelle métamorphose. Tantôt il multipliait ses bras et ses jambes, tantôt mettait le feu à ses cheveux ou les chargeait d'essaims d'abeilles, tantôt crevait tout son corps de bouches énormes. Parfois ce corps fleurissait comme un jardin sauvage; des coquelicots s'ouvraient à la pointe de ses seins, des chardons orangés lui brûlaient aux aisselles, des campanules et des ronces s'entortillaient à ses membres, des grappes de groseilles s'écroulaient de ses lèvres, des libellules aux ailes bleu pervenche s'envolaient de dessous ses paupières, des renoncules jaune vif et des lézards vert acide s'enlaçaient à ses doigts. Sur ses fesses il écrasait des fraises, son sexe, il l'embroussaillait et le couvrait de lierre, l'étoilait de bleuets et laissait toujours percer au milieu de ce buissonnement un bulbe rond et charnu comme un bouton de rose prêt d'éclore. Il couvrit des pages et des pages de tels dessins.
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