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3.8/5 (sur 3692 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Châteauroux , le 08/01/1954
Biographie :

Sylvie Germain est une romancière, essayiste et dramaturge française contemporaine. Au cours des années 70, Sylvie Germain suit des études de philosophie, auprès d'un professeur qu'elle admire, Emmanuel Lévinas. Son mémoire de maîtrise porte sur la notion d’ascèse dans la mystique chrétienne, et sa thèse de doctorat concerne le visage humain.

Elle commence à cette époque à écrire des contes et des nouvelles. Elle part ensuite en voyage dans les pays de l'Est et c'est à cette occasion qu'elle découvre la Tchécoslovaquie, pays dont elle tombe amoureuse. Revenue en France, alors qu'elle travaille au ministère de la Culture, elle envoie à l'écrivain Roger Grenier un manuscrit. Celui-ci, à la lecture de ses mots, l'encourage dans la voie de l'écriture. Sylvie Germain suit ses conseils et en 1984 publie "Le Livre des nuits", un roman fleuve de 700 pages, qui reçoit six prix littéraires.

À la suite du succès de son premier roman, en 1986, elle part vivre à Prague où elle enseigne la philosophie à l'École française. Les années pragoises sont l'occasion de l'écriture puis de la publication en 1989 de "Jours de colère", qui reçoit le prix Femina.

En 2000, elle publie plusieurs livres dans des genres variés : un récit de voyage, un essai spirituel et un album de photographies. En 2002 paraît un nouveau roman, "La Chanson des Mal-aimants". "Magnus", paru en 2005, reçoit un accueil enthousiaste du public et le prix Goncourt des lycéens.

Depuis janvier 2007, elle soutient Bibliothèques Sans Frontières, une jeune ONG qui vise à faciliter l'accès au savoir dans les pays en développement. En 2016, avec entre autres Salomé Lelouch, Marie Limier, Ariane Ascaride et Leïla Smillant, réunies sous le nom Paris des Femmes, Sylvie Germain consigne l'ouvrage collectif théâtral "Scandale" publié dans la Collection des quatre-vents de L'avant-scène théâtre.

En 2022, un extrait de "Jours de colère" donné au baccalauréat vaut à l'auteur un lynchage sur les réseaux sociaux d'"lèves mis en échec devant son commentaire.
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Entretien avec Sylvie Germain à propos de son roman A la table des hommes :



08/04/2016

Votre roman met en scène un étrange personnage à le frontière entre homme et porcelet, né adolescent dans un monde en guerre au milieu d’hommes qu’il ne comprend pas. Comment vous est venu l’idée d’un porcelet devenu humain ? Quelle est la genèse de ce roman ?



Les idées et les personnages de mes romans me viennent chaque fois de façon confuse, sans que je puisse situer le moment ni définir précisément le pourquoi de leur surgissement. Cela provient d`un ensemble de données qui forment l`imaginaire. Ces données sont composées de souvenirs très divers, anciens et récents, d`informations reçues au fil du temps sur les faits et évènements survenant dans notre monde, et parmi lesquelles certaines me marquent plus fortement, semant du trouble, des questions dans mes pensées. Je suis depuis longtemps sensible au sort trop souvent déplorable réservé aux animaux, au mélange d`indifférence, de mépris et de cruauté dont les humains font preuve à leur égard. L`idée de ce roman mettant en relief la proximité qui existe entre les animaux et les humains, en tant que vivants, s`est peu à peu imposée à mon imaginaire.



Votre action se déroule dans un environnement forestier, pauvre et violent, sans jamais être nommé. L’époque, si on la devine proche de la nôtre après quelques pages, n’est pas précisée non plus. Pourquoi ce flou sur le cadre de votre roman ? Le qualifieriez-vous de conte ?



Il y a une part de conte - du fait de l`épisode qui relève du genre "fantastique", au cours duquel l`animal se transforme en humain -, mais l`ensemble du roman n`en est pas un. Ce roman inclut aussi des éléments très réels, et le lieu initial de l`histoire ainsi que la guerre qui y sévit renvoient aux conflits qui ont déchiré l`ex-Yougoslavie dans les années 90; quant à la fin du roman, elle renvoie évidemment à l`attaque terroriste perpétrée contre le journal Charlie Hebdo en janvier 2015. Ces références suggérées sont, je crois, très reconnaissables. Si je ne les ai pas nommées distinctement, c`est pour me laisser de la liberté dans le récit, je n`avais pas la prétention de faire un travail d`historienne ou de journaliste.



Plongé au cœur d’une guerre qu’il ne comprend pas, votre roman offre une vision assez noire des hommes. La violence est-elle le propre de l’homme ?



La violence n`est pas le propre de l`homme, mais ce dernier a une manière particulière de l`exercer - avec volonté, détermination, calcul, perversité, parfois (souvent...)



Au fil de son intégration, votre personnage principal, Abel, s’interroge sur dieu. Vous avez déjà évoqué cette thématique dans certains de vos récits. Pour quelle raison le sujet du rapport à dieu revient-il dans vos romans ?



Ce sujet est pour moi un questionnement depuis ma jeunesse. Un questionnement que ne satisfait, jusqu`à ce jour, aucune réponse, ou du moins qui reste ouvert, et vif. Par ailleurs, les détournements aussi imbéciles qu`abjects faits de "Dieu" par certains fanatiques (et cyniques qui en jouent), exigent des repositionnements, des relances du questionnement.



Votre plume est très visuelle et met en exergue les sens. Travaillez-vous longuement vos textes ? Quelle est votre méthode pour parvenir à un tel rendu ?



Je n`ai pas de méthode particulière, je laisse venir les images, les idées à leur rythme, et prends le temps de trouver les mots, les phrases, les tournures qui me semblent les plus aptes à les formuler. C`est un travail qui s`opère en silence, et nécessite de la patience; beaucoup de patience.



Ce qui apparaît comme le lien entre les animaux et les hommes dans A la table des hommes, c’est la recherche de la survie. Est-ce un thème que vous avez volontairement soulevé dans ce roman ?



Ce thème de la survie s`est dégagé en chemin, imposé à un certain moment du récit, ce n`était pas un choix volontaire de départ. C`est l`histoire dans son développement, le contexte, qui m`ont fait prendre conscience de l`importance de cette lutte pour la survie dans toute vie de vivant dès qu`il se sent menacé.



Sylvie Germain et ses lectures :



Quel est le livre qui vous a donné envie d`écrire ?



Aucun en particulier. De nombreux romans ont bien sûr nourri mon imaginaire, mais l`envie d`écrire n`a pas été suscitée par un livre précis, elle m`est venue au fil du temps, dans la continuité des mes études (philosophie), comme s`il me fallait continuer, différemment mais toujours par voie d`écriture, la "traque" de pensées, d`images, de questions qui sinon s`échappent.



Quel est l`auteur qui aurait pu vous donner envie d`arrêter d`écrire (par ses qualités exceptionnelles...) ?



Quand je lis un grand texte, remarquable par son style, surprenant dans sa puissance et sa profondeur narratives, je ne me compare pas, ne me mesure pas à ce talent que je n`ai pas, ce serait absurde, et vain. De toute façon, tout a déjà été dit, écrit, et de nombreux chefs-d`œuvre nous précèdent, nous entourent; cela peut parfois paraître décourageant, mais ne suffit pas à castrer le désir d`écrire, même si on se reconnaît à soi-même un bien faible talent en comparaison. L`écriture n`est pas une compétition! C`est un désir qui vient de quelque chose de très profond en soi, qui taraude, envers et contre tout, malgré les échecs qui peuvent survenir. L`envie d`arrêter d`écrire est très présente en même temps, il arrive qu`elle monte à l`aigu, mais les causes sont d`un autre ordre, très intérieur.



Quelle est votre première grande découverte littéraire ?



Fédor Mikhaïlovitch Dostoïevskiet Georges Bernanos.



Quel est le livre que vous avez relu le plus souvent ?



Je relis surtout de la poésie - Arthur Rimbaud, Saint-John Perse, Rainer Maria Rilke, Celan...



Quel est le livre que vous avez honte de ne pas avoir lu ?



Il y en aurait trop à citer!



Quelle est la perle méconnue que vous souhaiteriez faire découvrir à nos lecteurs ?



La Mort du petit-bourgeois, de Franz Werfel, Miel de bourdon de Torgny Lindgren, Les étrangers de Sándor Márai, et je pense aussi à des auteurs passés de mode, tombés aux oubliettes, comme Ernst Wiechert (Missa Sine Nomine, Les Enfants Jéromine...), ou Birgitta Trotzig ; j`ai lu leurs livres il y a longtemps. Il y aurait beaucoup d`autres auteurs, et de livres à mentionner, qui ne me reviennent pas à l`instant en mémoire.



Quel est le classique de la littérature dont vous trouvez la réputation surfaite ?



Pas d`avis sur cette question. En revanche, il y a quelques gloires surfaites au présent, et quelques auteurs de grand talent injustement méconnus, négligés par la critique.



Avez-vous une citation fétiche issue de la littérature ?



Je n`ai pas de "citations fétiches", mais des phrases de romans, de bribes de dialogues de théâtre ou des vers (de Arthur Rimbaud, Paul Verlaine, Paul Valéry, Jules Supervielle, Guillaume Apollinaire, Rainer Maria Rilke...) me reviennent parfois, plus que d`autres, à la mémoire.



Et en ce moment que lisez-vous ?



Je viens d`achever la lecture d`un excellent roman récemment paru, Le dernier des Baptiste, de Jean-Marie Chevrier, qui parle avec justesse et intelligence de la disparition d`un monde, celui des paysans. Je lis un catalogue (déjà ancien) d`exposition de peinture (artistes du Nord), des articles de revues, et un essai, Poésie et réalité de Roberto Juarroz.



Entretien réalisé par Marie-Delphine

Découvrez A la table des hommes de Sylvie Germain aux éditions Albin Michel :


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Lecture de Sylvie Germain : une création originale inspirée par les collections de la BIS. Ce cycle est proposé depuis 2017 par la BIS en partenariat avec la Maison des écrivains et de la littérature (MéL). Un mois avant la restitution, l'écrivain est invité à choisir un élément dans les fonds de la BIS. Lors de la rencontre publique, « le livre en question » est dévoilé. Chaque saison donne lieu à la publication d'un livre aux éditions de la Sorbonne "Des écrivains à la bibliothèque de la Sorbonne". Saison 5 : Jean Lancri, Gaëlle Obiégly, Sylvie Germain et Michel Simonot Captation, montage et générique par Corinne Nadal

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Sylvie Germain
C'est en essayant continuellement qu'on finit par réussir. En d'autres termes, plus ça rate, plus on a de chances que ça marche.


In : " L'inaperçu "


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Peu importe que cela ne dure pas, la joie n'appartient pas à la durée, elle apparaît où et quand ça lui chante, comme la beauté.

Scène 33.
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Après ces quelques années passées sous un même toit, […] que connaît-elle, que comprend-elle vraiment de lui, et lui d'elle ? Et chacun de soi-même aussi bien. Qu'ont-ils appris les uns des autres, et pris, donné, les uns aux autres ?

Scène 35.
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Tout corps passionnel est un corps noir qui absorbe chaque radiation reçue, l'avale, l'engloutit, mais ne renvoie aucun rayonnement, seulement des brûlures, des brouissures.

Scène 34.
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Ils étaient hommes des forêts. Et les forêts les avaient faits à leur image. À leur puissance, leur solitude, leur dureté. Dureté puisée dans celle de leur sol commun, ce socle de granit d’un rose tendre vieux de millions de siècles, bruissant de sources, troué d’étangs, partout saillant d’entre les herbes, les fougères et les ronces. Un même chant les habitait, hommes et arbres. Un chant depuis toujours confronté au silence, à la roche. Un chant sans mélodie. Un chant brutal, heurté comme les saisons, - des étés écrasants de chaleur, de longs hivers pétrifiés sous la neige. Un chant fait de cris, de clameurs, de résonances et de stridences. Un chant qui scandait autant leurs joies que leurs colères.
Car tout en eux prenait des accents de colère, même l’amour. Ils avaient été élevés davantage parmi les arbres que parmi les hommes, ils s’étaient nourris depuis l’enfance des fruits, des végétaux et des baies sauvages qui poussent dans les sous-bois et de la chair des bêtes qui gîtent dans les forêts ; ils connaissaient tous les chemins que dessinent au ciel les étoiles et tous les sentiers qui sinuent entre les arbres, les ronciers et les taillis et dans l’ombre desquels se glissent les renards, les chats sauvages et les chevreuils, et les venelles que frayent les sangliers. Des venelles tracées à ras de terre entre les herbes et les épines en parallèle à la Voie lactée, comme en miroir. Comme en écho aussi à la route qui conduisait les pèlerins de Vézelay vers Saint-Jacques-de-Compostelle. Ils connaissaient tous les passages séculaires creusés par les bêtes, les hommes et les étoiles.
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"L'amour n'a pas à se parer de grandes déclarations, de gestes et de postures emphatiques, il n'a à s'encombrer de rien, il a juste à être, et à agir quand il le faut, sans se soucier si on le voit à l'oeuvre."
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La liberté, non pas dans le déracinement, mais dans le non-enracinement. Dans le mouvement, le déplacement. La danse de la pensée dans les mystères du monde, les chaos de l’Histoire, sa contredanse face à Dieu, au néant. Gavril aura dansé jusqu’au bout, jusqu’à l’épuisement, se dit Nathan qui, lui, émerge tout juste d’une longue somnolence.
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Il était un homme d'épopée égaré dans un siècle qui ne lui convenait pas. Il était surtout de ces êtres auxquels aucun siècle, aucune société, ne peut donner satisfaction, de ces révoltés chroniques qui ne croient pas davantage au ciel et à ses dieux qu'à la terre des hommes, ce cloaque d'aigrefins, de grotesques et d'imbéciles.

Scène 41.
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Comment ouvrir un livre ? Le danger est trop grave de libérer des fauves.
Comment ouvrir la bouche ? Un grand poème en guerre gît décimé sur ma langue.
Comment ouvrir les yeux ? J'ai bien trop peur de ne voir que l'ombre de moi-même. Et mon ombre est un clou planté dans le soleil.
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Le jour, elle ne prête pas attention aux façades des immeubles, mais le soir, dès que les fenêtres s'éclairent, elle les regarde avec curiosité, avec avidité. Tous ces rectangles de lumière qui s'ouvrent dans l'obscurité le mettent en émoi ; ils trouent la nuit, ils percent la pierre, les briques, le béton, ils révèlent de l'intime tout en le maintenant voilé. Ils ne révèlent rien, ils suggèrent, plutôt, ils donnent à rêver, à imaginer. Ils lui laissent entrevoir d'autres êtres semblables et ignorés, et qui lui demeureront inconnus alors même qu'ils sont ses contemporains et ses concitoyens. Si proches, et inaccessibles. Ils signalent qu'il existe d'autres destins possibles.

Scène 11.
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Sylvie Germain

Née à Châteauroux en ?

1934
1944
1954
1964

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