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Citation de LiseLuceLisent


Anna franchit la courte distance qui séparait les deux maisons, perdue dans ses pensées. En ouvrant le portillon, elle trouva, posée sur la murette, une plume bleue. Elle la prit délicatement entre ses doigts, la fit tourner et l’observa. Il n’y avait pas de doutes, c’était une plume de pie. Quand elle vivait à Vescaut, avant son mariage, elle avait rêvé d’en trouver une. Elle voulait tenir entre ses doigts une plume bleue, comme celle des pies qui jacassaient sous les fenêtres. Jeanne s’était moquée d’elle.
— Les pies sont les oiseaux les plus antipathiques que je connaisse, elles gobent les oeufs des autres et dépècent les cadavres. Ce sont les hyènes des airs !
Elle avait beau dire, malgré son gros ventre, elle avait fait des kilomètres avec Anna sur les chemins, à la recherche de la plume bleue. Un jour, Anna en avait trouvé une, au milieu des cailloux, près de la rivière. Elle s’était baissée pour la ramasser avec mille précautions, le coeur gonflé de joie, fascinée par les reflets bleus. Elle tenait son trésor. Elle avait couru vers la maison, la plume à la main, criant à Jeanne :
—Je l’ai trouvée !
Jeanne à son tour l’avait prise entre le pouce et l’index pour la faire tournoyer dans la lumière. Elle avait beau écarquiller les yeux, elle ne voyait rien.
— Ce n’est qu’une banale plume noire de pigeon ou de corbeau…
Anna l’avait regardée à son tour. La plume avait perdu le bleu de ses rêves. Elle en aurait pleuré. Jeanne l’avait consolée :
—Sur le chemin, la plume était bleue, j’en suis sûre. Tu fais exister la beauté là où personne ne la voit mais la vie des sortilèges est courte.
Maintenant, elle le savait : son amitié pour Jeanne n’était pas un sortilège. Même les plumes les plus bleues ont des reflets noirs.
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