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4.15/5 (sur 26 notes)

Nationalité : France
Biographie :

Professeur de français dans l'agglomération toulousaine, passionnée de généalogie et d'histoire, elle a écrit son premier roman "Le Village des secrets" à la suite de recherches dans les sites d'archives en ligne.

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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Anna franchit la courte distance qui séparait les deux maisons, perdue dans ses pensées. En ouvrant le portillon, elle trouva, posée sur la murette, une plume bleue. Elle la prit délicatement entre ses doigts, la fit tourner et l’observa. Il n’y avait pas de doutes, c’était une plume de pie. Quand elle vivait à Vescaut, avant son mariage, elle avait rêvé d’en trouver une. Elle voulait tenir entre ses doigts une plume bleue, comme celle des pies qui jacassaient sous les fenêtres. Jeanne s’était moquée d’elle.
— Les pies sont les oiseaux les plus antipathiques que je connaisse, elles gobent les oeufs des autres et dépècent les cadavres. Ce sont les hyènes des airs !
Elle avait beau dire, malgré son gros ventre, elle avait fait des kilomètres avec Anna sur les chemins, à la recherche de la plume bleue. Un jour, Anna en avait trouvé une, au milieu des cailloux, près de la rivière. Elle s’était baissée pour la ramasser avec mille précautions, le coeur gonflé de joie, fascinée par les reflets bleus. Elle tenait son trésor. Elle avait couru vers la maison, la plume à la main, criant à Jeanne :
—Je l’ai trouvée !
Jeanne à son tour l’avait prise entre le pouce et l’index pour la faire tournoyer dans la lumière. Elle avait beau écarquiller les yeux, elle ne voyait rien.
— Ce n’est qu’une banale plume noire de pigeon ou de corbeau…
Anna l’avait regardée à son tour. La plume avait perdu le bleu de ses rêves. Elle en aurait pleuré. Jeanne l’avait consolée :
—Sur le chemin, la plume était bleue, j’en suis sûre. Tu fais exister la beauté là où personne ne la voit mais la vie des sortilèges est courte.
Maintenant, elle le savait : son amitié pour Jeanne n’était pas un sortilège. Même les plumes les plus bleues ont des reflets noirs.
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— C’était la cohue, on se bousculait. Plus j’approchais du port, plus l’air devenait irrespirable. j’avançais dans une brume grise de cendres qui m’enveloppait de son suaire. Une fois sur les quais, j’ai aperçu deux journalistes de La République du Var que je connaissais. Comme moi, ils voulaient se rendre au plus près du Liberté, amarré vers la Seyne. Un patron pêcheur a accepté de nous laisser monter à bord de son canot automobile. Nous avancions avec difficulté dans un nuage de fumée, au milieu d’une écume d’huile échappée d’une gigantesque masse sombre. Il nous a fallu quelques minutes pour comprendre que c’était Le Liberté, éclairé par le disque rouge du soleil levant. 
Anna désigna du doigt une photographie :
— Un amas de ferraille méconnaissable.
— Le fleuron de notre marine réduit à un enchevêtrement de tôles, dit Jules, impressionné. C’est difficile à croire. 
Anna tournait les pages, donnait des détails, expliquait :
— Là, regardez l’épave, la passerelle est restée debout... Là, c’est le cuirassé Justice qui organise les secours, et ici la chaloupe qui ramène les cadavres… Il y a eu plus de deux cents morts, et encore, on n’a pas retrouvé tous les corps... 
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Ils restèrent immobiles devant le feu. Dans la pénombre, les braises rougeoyèrent une dernière fois avant de s’éteindre. Marguerite continua à murmurer dans l’obscurité :
—Sais-tu pourquoi on m’a appelée Marguerite ? C’était le nom de la mère du père. On sait si peu de choses d’elle. Elle vivait dans une ferme isolée, avec son père veuf et ses deux frères. Son unique enfant, elle l’a eu à quinze ans. Peut-être qu’elle a connu un gars du village, peut-être qu’elle a fait une mauvaise rencontre... Le père n’a jamais parlé d’elle mais il m’a donné son nom. Marguerite. Quand la brume descend comme une cascade entre les deux collines, sur la forêt de châtaigniers, je pense à elle. Son silence pèse sur moi comme si la brume me recouvrait moi aussi, comme elle recouvre les femmes de ce temps-là. 
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