Waouh, sacré roman… très troublant et en même temps, très prenant.
Fin 1939, au début de la Seconde Guerre Mondiale. Dans la Varsovie bombardée, après son siège par les allemands, le lieutenant Kostanty Willemann, morphinomane et tombeur de ces dames, erre dans les rues en pensant en vrac à sa famille, aux femmes et à la morphine...
Le plus dérangeant avec ce roman, c’est sa narration : Konstanty, surnommé affectueusement Kostia et Kostek raconte son amour pour sa femme Hela et son petit garçon Jurek. Cependant, il y a aussi Salomé chez qui il se perd dans les méandres du sexe et de la drogue. Mais derrière Kostanty, il y a une autre voix, qui donne une alternance entre le « tu » et « il », selon qu’elle s’adresse au lecteur ou à son cher Kostek. On se demande longtemps qui peut être ce second narrateur invisible, qui semble connaître passé et futur de chacun. Ce semblant monologue est déconcertant mais aussi complètement envoûtant. L’auteur montre Varsovie sous les décombres, les difficultés d’approvisionnement, les relations compliquées entre envahisseurs allemands et envahis polonais à travers ce « duo ».
Difficile d’aimer cet anti-héros qui ne semble posséder aucune volonté, cède à ses envies et agit plus vite qu’il ne pense. Et pourtant, lors de son voyage, perdu, il est aussi en recherche d’identité, est-il polonais ou allemand ? Qui aime-t-il ? Szczepan Twadoch plonge le lecteur dans les pensées de Kostek, dans l’omniscience de la voix et lui permet de saisir tous les tenants et aboutissements de chaque fait et moment.
Ce livre m’a énormément marquée par sa puissance narrative et l’humour noir de l’auteur qui nous apprend beaucoup sur la Pologne et ses rapports avec leurs voisins allemands au début de la Seconde Guerre Mondiale. Merci à Masse Critique et aux Editions Noir sur Blanc pour cette belle découverte.
(J’aime beaucoup la couverture du roman, troublante comme l’histoire : on y voit un homme qui souffre enlacé par une sorte de squelette à deux faces dans les rues d’une ville. (C’est l’œuvre d’un certain Georg Grosz, un allemand antimilitarisme qui pratique l’exagération caricaturale. Donc parfaitement choisir par l’éditeur français, Noir sur Blanc). L’image de la couverture originale est plus simple, on y voit un homme avec deux bouches… )
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Ce livre a reçu le "prix Passeport" et sans doute que c'est le passeport pour la dernière errance du personnage principal Konstanty (Baldur) Willermann (Von Strachwitz).
Un superbe roman très noir où la mort rode jusque dans les pas, dans la tête de Konstanty mais n'est elle pas le seul être, la seule femme aimant "son petit Kostek"?
Un superbe livre qui nous entraîne dans le sillage d' un personnage existentialiste ,flou, mal dans son être, amateur de paradis artificiels qui se transforment en enfers bien réels dans une période également trouble génératrice de tous les possibles et surtout les pires.
Et en plus une maestria narrative de Szczepan Twardoch
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J'ai vraiment eu du mal à lire ce livre, il est vraiment particulier, même si l'histoire en elle-même est très prenante.
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Un chef d'œuvre. Voilà, c'est abrupt, c'est rare, mais là, j'ai croisé un chef d'œuvre.
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Grande originalité que ce roman, qui m’a attiré par son thème.,Mais dés le départ, avec son style narratif particulier, je me suis perdue ; j’ai eu du mal à entrer dans l’histoire, garder un intérêt pour le héros : morphinomane, homme à femmes, meurtrier. Le rappel au « petit Kostek »
sans cesse. Bref une lecture épuisante que je n’ai pu mener à son terme.
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Du sang, de la peur, des larmes, la mort… Beaucoup de peur ! Peur des services de sécurité, de la trahison, des autres, de soi-même. A qui, à quoi se rattacher, dans cette Pologne des années 1980 ? Rien n’est sûr, aucun organisme n’est propre. Tony, membre des services de sécurité, doit retourner des prêtres et infiltrer l’Eglise polonaise. Rien que de très banal, mais jusqu’où cette tâche le conduira-t-il ? Un fil après l’autre, ce roman exhibe les dessous de cette société totalitaire pourrissante. Haletant et édifiant !
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