J’ai toujours ressenti une différence extrême entre le monde qui
m’entoure et moi. À 6, 12 ou 26 ans, l’histoire demeure la même. Ce
sentiment de dissimilitude (manque de ressemblance entre deux ou
plusieurs choses) a généré un énorme fossé entre moi et les autres.
Un abysse qui m’empêche de développer un sentiment d’apparte-
nance, un sentiment d’être aimée, appréciée ou de me sentir valori-
sée parmi mes pairs. Oui, j’en ai eu, des amis, mais même parmi eux,
je ne me sentais pas à ma place. Enfant, je me questionnais, je me
demandais pourquoi je ressentais cette distance entre moi et l’autre,
mais ce n’est qu’à l’adolescence que cette différence est devenue un
fardeau. Celle-ci provoquait un grand tourment intérieur, et les émo-
tions négatives qui y étaient liées s’amplifiaient au fil du temps.
Je ne me souviens plus de la dernière fois où j’ai pris autant de
temps pour écrire une première phrase... C'est d'ailleurs pour
-quoi j'ai choisi cette première phrase.
Je me sens comme une adolescente qui présente sa meilleure
amie. Un mélange de fierté, d’honneur et d’excitation m’habite. De
fébrilité, aussi. La fébrilité d’écrire à la première personne du sin-
gulier, ce qui est très rare quand on écrit des articles dans une
langue dictée par des guides de rédaction scientifique. La fébrilité,
surtout, de réaliser, à ce moment précis, que j’ai le droit de mettre
un point d’exclamation à la fin de ma phrase!
Bref, un mélange de sentiments divers, car je peux enlever mes rassurants habits de psychologue, de neuropsychologue ou d’experte en douance pour un moment, afin de vous introduire l’œuvre de mon amie.
Puisque le livre de Tanya a pour seule ambition de partager bien
humblement l’univers singulier d’une femme surdouée, je me per
-mets de vous l’introduire en vous partageant moi aussi un peu
de mon vécu et, surtout, en témoignant de l’importance de cette
femme d’exception dans mon petit univers à moi.
Enfant, j’étais solitaire. J’avais très peu d’amis, et lorsque j’en
avais, la relation faisait rarement long feu. J’avais beaucoup de
difficulté à créer des liens solides avec les autres enfants. Déjà, à
l’âge cinq ans, je ne voyais pas l’intérêt de socialiser. Je savais que
je devais le faire pour répondre aux normes sociales, mais je n’en
ressentais pas le besoin. Je regardais autour de moi, j’essayais de
comprendre le monde qui m’entourait. Même si je ne me sentais
pas à ma place et que j’étais consciente de ne pas être comme
les autres, ça ne me dérangeait pas... encore. Ce n’était qu’un fait
qui ne générait aucune émotion négative. De l’anxiété, oui, mais le
tourment relié à cette différence ne s’était pas encore manifesté. Je
me questionnais, point à la ligne.
Dans ma vie
avant
Tanya, j’avais donc des quantités faramineuses
d’idées et de projets, une énergie quasi infinie qui me permettait
d’accumuler les expériences personnelles et professionnelles, ainsi
que des tonnes de connaissances, des lectures, des analyses et des
méta-analyses scientifiques. Je vivais ma créativité et ma passion
pour la douance à l’intérieur de ma clinique, de mon équipe, de ma
clientèle et de ma famille. J’avais bien tenté quelques rares sorties
pour sonder le terrain et voir si je pouvais soutenir les protagonistes
de l’heure en douance, mais mon intuition me disait chaque fois de
me protéger et de poursuivre mon développement.
1) des aptitudes intellectuelles exceptionnelles;
2) une créativité hors du commun; et
3) un engagement intense envers la tâche.