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Citation de mesrives


Le petit Trask tremble d'impatience. Il essaie de l'influencer par son désir: "Raconte donc l'histoire des baguettes!"
Sa pensée ne s'écarte pas d'elle un seul instant: "Les baguettes! les baguettes!" dit-il tout bas, et il ne cesse de répéter ces mots. En la voyant tournée vers le peuplier, il sent battre son coeur avec violence.
Il regarde les branches du peuplier: elles lui appartiennent, en somme à lui, Trask, car il y a en lui cette musique de flûte, et sur sa langue la saveur de l'écorce fraîche. Et puis il y a ces baguettes que l'on finit par fabriquer, et que l'on tient par la main pour jouer. Et, à présent, dans la tête du petit Trask les images se multiplient. Il voit des nappes d'eau transparentes, pleines de baguettes striées, tandis que des brebis blanches s'ébattent et boivent; après quoi leurs agneaux sont noirs. Le soleil pique; les ombres sont précieuses. Jacob le rusé fabrique quantité de baguettes, et les plus belles brebis blanches sautent droit dans l'eau et boivent celles ou plongent les baguettes, et tous les agneaux sont ou bien tachetés, ou bien noirs, de sorte qu'ils reviennent de droit à Jacob.
"Raconte!..." insiste le désir du petit Trask. On dirait qu'il s'agit de sa vie: "Je vous dirai ensuite ma leçon, mais raconte tout de suite!"
Le petit Trask ne se rend même pas compte de ses voisins; il ne voit pas leur agitation. Il ne voit pas davantage les inspecteurs. Il ne voit que la jeune fille apeurée, qui s'appuie contre la vitre, et dont le visage a une expression inquiète.
- Viens! dit une voix au fond de lui même. Viens!
Et la jeune fille s'émeut.
Le petit Trask est fort.
Elle se détourne de la fenêtre et du peuplier, et vient vers le petit Trask, comme en rêve. Il la voit venir, tandis qu'il l'appelle: "Viens! Viens!", tout bas, en lui-même.
Maintenant son visage ne rougit plus. Elle est pâle, et son front est couvert de sueur. Il y a une place à l'extrémité du banc, à côté de lui, et elle s'y assied, puis elle se tourne vers lui; il voit les gouttes de sueur sur son front.
"Les baguettes" murmure-t-il dans un souffle, à côté même de la jeune fille. C'est à elle qu'il parle.
Les mots qu'il dit sont des paroles magiques, et ils ont réellement un effet magique. Elle cède à l'impulsion de ces mots.
Que devine-elle tout à coup? A quoi se raccroche-t-elle? Elle se relève d'un bond. Tous les regards se fixent sur elle avec surprise; ils vont comprendre qu'après tout elle n'est pas si incapable que cela!
Elle s'avance devant la rangée des bancs. Son pas est libre, dégagé. En un clin d'oeil, elle a repris la maîtrise de ses nerfs. La joie l'emplit; la peur de tout à l'heure a disparu. Ce qu'elle croyait perdu ne l'est pas. Voici les petits! La voici, elle, comme auparavant!
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