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Critiques de Theodore Francis Powys (4)
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Scènes de chasse en famille

Les Powys. Ce n’est pas parce qu’ils portent le même nom qu’ils n’ont pas de prénom. Déclinons-les.





John Cowper est le plus connu d’entre tous. Je n’en sais foutrement rien de savoir si c’était déjà le cas à l’époque, ou si cette gloire relève de celles, injustifiées, qui s’acquièrent au hasard des élections temporelles. On lit ici ses poèmes, mais sachez qu’il n’a pas écrit que cela. Eh bien, c’est du bon morceau. C’est de l’ordre du ratage (« Chaque enfant de la planète / Depuis la naissance a en tête /Une pauvre chanson qui bégaie »), de la fin du monde (« Sous la falaise croulante nous mangions notre repas / Le soleil desséchait l’herbe du terrain, / De vagues brises d’avril soufflaient. Nous ne savions pas / Combien proche était la fin ») et pourtant de la dérision (« La Vie et la Réalité / Sont choses très évasives / Qui sur les ailes des aigles dérivent – / Tout le reste est poussière, boue et simagrées / Tout le reste est pure nullité. / Trouve une fille –crétin- et fiche-moi la paix ! »), savant mélange aboutissant à cette poésie qu’on appelle aujourd’hui houellebecquienne, et qui trouve toujours ses disciples.





Llewelyn témoigne aussi de cet indistinct mélange d’influences. Question de type peut-être, là où John s’exprime intuitivement par le poème, Llewelyn cherche à mettre au point, à justifier, à expliciter, à entrer dans le détail de ses petites idées, comme si elles venaient d’ailleurs que de lui-même. C’est ainsi qu’il nous fait marrer avec ses conneries à prétention scientifique (« L’avenir est peut-être entre les mains de la science, dans ce type de pensée entièrement libérée des émotions et des préjugés éthiques, une pensée prête à soumettre chaque question à l’arbitrage des faits »), à recourir à un darwinisme déjà périmé en même temps qu’il répudie l’église pour jouer parfaitement le rôle du bon petit homme moderne rationnel. Et pourtant, qu’il ne le cache à personne, dans le fond, Llewelyn est païen. Ce qu’il aime vraiment, c’est la force et la robustesse des antiques. Disciple du soleil, il se moque de l’inutilité de la condition humaine (« Ils s’échinent à se rassurer en s’inventant des tâches domestiques et ne tiennent aucun compte du message éclatant du soleil non mystique ») et en appelle aussi aux forces chtoniennes pour croître d’en haut et d’en bas (« Que la force de la terre et du soleil infuse mes entrailles »).





Philippa, la seule meuf du clan, m’a laissée indifférente. Ses poèmes un brin pleurnichards se réfugient souvent dans les images stéréotypées de la poésie lyrique. Cela plaira sans doute à d’autres que moi.





Theodore Francis écrit surtout des nouvelles. Elles ne sont pas passionnantes non plus mais, disons, il a voulu jouer le rôle du trickster dans la fratrie, alors il n’hésite pas à graillonner du fond de la gorge avec des histoires légèrement pornographiques –comme ça pouvait l’être dans les années 30 dans le Yorkshire. Autant dire que si vous voulez du cul, il faudra vous terminer à la main.





Faites votre choix les amis.

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Le pré de la chèvre

“Le Pré de la Chèvre” est une délicieuse nouvelle de Théodore Francis Powys, traduite par Patrick Reumaux et illustrée par Gwenda Morgan, publiée chez Le Bruit du Temps.



C’est l’histoire de Mr. Nutty, un aimable commerçant en articles de sport, qui fait la rencontre d’une charmante jeune fille dont il s’éprend et l’épouse. Malheureusement, Mr. Nutty va perdre sa femme du fait d’un banal accident dont l’instrument fut un cadeau que Mr. Nutty avait offert à son beau-père. Mr. Nutty en concevra une certitude absolue : le don d’un cadeau porte malheur, sauf s’il s’agit d’un don de Dieu!



Dans cette petite ville qu’est Le Pré de la Chèvre demeure un mauvais garçon, Jimmy Bower, dont la seule préoccupation est de gagner de l’argent sans rien faire. Rien de commun donc avec Mr. Nutty, ce nouveau veuf bien éloigné de toute mauvaise pensée. Et pourtant …



Par l’entremise de la jeune et jolie Jenny Honeybun, qui fait courir un grave danger moral et addictif à tous ceux qui portent soutane dans le Comté, Jimmy parviendra peut-être à circonscrire avec profit l’indifférence de Mr. Nutty.



Cette nouvelle est un petit bijou d’humour, qui vous offrira un moment d’évasion dans la campagne anglaise au printemps, assorti d’une étude malicieuse sur la valeur d’un cadeau.
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Le pré de la chèvre

Quand je suis tombée sur ce court ouvrage en librairie, celui-ci m'a tout de suite intrigué grâce à sa couverture et ses quelques illustrations. J'ai trouvé le résumé très cocasse.

Cependant, à part les 4 premières pages, finalement l'histoire s'est avérée tout à fait inintéressante...
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Le pré de la chèvre

Ce n’est pas si souvent que ressortent traduites des nouvelles de Theodore Francis Powys, (1875-1953) telle ce « Le Pré de la Chèvre » (2021, Le Bruit du Temps, 80 p.) traduit par Patrick Reumaux et avec des illustrations, gravures sur bois dues au graveur anglais Gwenda Morgan (1908-1990). Infatigable Patrick Reumaux qui s’est attaqué aux écrivains irlandais Flann O'Brien dont il faut (tout) lire, mais surtout l’inénarrable « Le Troisième Policier » (2003, Phoebus, 256 p.) ou plus complet « Romans et chroniques dublinoises » (2015, Les Belles Lettres, 826 p.) et Sheridan Le Fanu pour ses histoires de fantômes comme « La Maison près du Cimetière » (2009, Phébus, 624 p.) ou, plus connu et plus joli car illustré, mais en anglais « Carmilla » (2021, Independently published, 108 p.).

Pour en revenir au plus terre à terre « Le Pré de la Chèvre », on plonge dans l’univers des petits villages anglais du Derbyshire ou du Dorset, ce qui n’est pas tout à fait pareil, mais tellement anglais. Bref, Mr. Nutty, est un marchand d'articles de sport et notamment de ballons de football. Il est né « à sept heures du matin, au moment où la carriole du laitier s’arrêtait devant la porte, le premier dimanche de l’Avent ». Voilà donc un homme d’ordre, qui le sera toute sa vie. Installé à Maidenbridge, il vend, et est renommé pour cela, des ballons de football (soccer), à la différence des ballons ovoïdes de rugby, simplement parce que « Il y a quelque chose de païen dans un ballon de rugby, car les démons jouent à ce jeu en Enfer ».

Le voilà qui tombe amoureux de Miss Saunders, ou plutôt de son dos. « Quand elle se retourna et lui montra son dos, il la reconnut immédiatement ». Heureusement. « Lorsqu’elle se retourna de nouveau, il l’aimait des deux côtés ». Mais manque de chance, en voulant offrir un de ses beaux ballons ronds à Mike Saunders, le beau-père, en guise de dot, celui-ci botte en touche le ballon qu’il a reçu en cadeau. Lequel ballon frappe Mrs Nutty, tout juste consentante à se marier. « Bien qu’un beau soleil brillât sur la ville et qu’aucune chauve-souris ne voletât au-dessus de la tête des mariés à l’autel, indiquant que le couple n’aurait pas d’enfant ». Et « deux jours plus tard, après avoir fait une fausse couche, elle mourut ». N’en déplaise à « Mr Botting qui était fossoyeur et bedeau ».

De quoi s’interroger sur la signification de « donner et recevoir ». De quoi aussi déménager et s’installer au « Pré de la Chèvre » pour y couler des jours meilleurs. Ce qui est sans compter sans les charmes de la belle Jenny Honeybun, qui d’une prostitution passive finit par se souhaiter « des fleurs d'oranges à son chapeau, un anneau nuptial, un chat et un canapé ».

Ce sera finalement un poème « J'irai jusqu'au palmier et je m'emparerai de ses palmes : maintenant tes seins aussi seront comme des grappes de raisin, et l'odeur de ton nez comme des pommes. »

Une nouvelle quelque peu longue avec ses 80 pages, dans le ton des autres écrits de T. F. Powys, tout comme les œuvres du reste de la famille Powys, trois frères et une sœur écrivains, dans le Dorset. A l’opposé des Brontë, qui étaient trois sœurs et un frère à écrire, mais dans le Yorkshire. Dans ces deux univers, le monde rural est clos. Il faut dire que la fratrie totale est de onze enfants, tous issus de Charles Francis Powys (1843–1923) qui officiait comme pasteur dans le Derbyshire. Il ne faut donc pas s’attendre à des romans libertins ou à la gaudriole affichée.

On pourra se faire une idée en lisant l’ouvrage qui rassemble les 4 frères et sœurs, John Cowper, Llewelyn, Theodore Francis et Philippa « Scènes de Chasse en Famille », (2003, Elisabeth Brunet, 476 p.). Ce n’est pas follement la joie de vivre. « Moucherons humains nous passons / Notre temps dans les dilemmes » ou bien « Apprenons à nous supporter / Et souvenons-nous que nous sommes taillés

Dans une étoffe unique, / Faisons de notre sac d’embrouilles / Une pelote de primevères pour faire la nique / Au soleil et à la lune » « Elles marchent dans le bois, les lèvres scellées / La Nonne silencieuse et la vache silencieuse » « Le ver qui se nourrit de la tête de César / S’étonne, à tâtons dans le noir,

Si tous ces morts sont morts, / Qu’ait flambé l’étincelle de vie »

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