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Critique de jlvlivres


Ce n'est pas si souvent que ressortent traduites des nouvelles de Theodore Francis Powys, (1875-1953) telle ce « le Pré de la Chèvre » (2021, le Bruit du Temps, 80 p.) traduit par Patrick Reumaux et avec des illustrations, gravures sur bois dues au graveur anglais Gwenda Morgan (1908-1990). Infatigable Patrick Reumaux qui s'est attaqué aux écrivains irlandais Flann O'Brien dont il faut (tout) lire, mais surtout l'inénarrable « le Troisième Policier » (2003, Phoebus, 256 p.) ou plus complet « Romans et chroniques dublinoises » (2015, Les Belles Lettres, 826 p.) et Sheridan le Fanu pour ses histoires de fantômes comme « La Maison près du Cimetière » (2009, Phébus, 624 p.) ou, plus connu et plus joli car illustré, mais en anglais « Carmilla » (2021, Independently published, 108 p.).
Pour en revenir au plus terre à terre « le Pré de la Chèvre », on plonge dans l'univers des petits villages anglais du Derbyshire ou du Dorset, ce qui n'est pas tout à fait pareil, mais tellement anglais. Bref, Mr. Nutty, est un marchand d'articles de sport et notamment de ballons de football. Il est né « à sept heures du matin, au moment où la carriole du laitier s'arrêtait devant la porte, le premier dimanche de l'Avent ». Voilà donc un homme d'ordre, qui le sera toute sa vie. Installé à Maidenbridge, il vend, et est renommé pour cela, des ballons de football (soccer), à la différence des ballons ovoïdes de rugby, simplement parce que « Il y a quelque chose de païen dans un ballon de rugby, car les démons jouent à ce jeu en Enfer ».
Le voilà qui tombe amoureux de Miss Saunders, ou plutôt de son dos. « Quand elle se retourna et lui montra son dos, il la reconnut immédiatement ». Heureusement. « Lorsqu'elle se retourna de nouveau, il l'aimait des deux côtés ». Mais manque de chance, en voulant offrir un de ses beaux ballons ronds à Mike Saunders, le beau-père, en guise de dot, celui-ci botte en touche le ballon qu'il a reçu en cadeau. Lequel ballon frappe Mrs Nutty, tout juste consentante à se marier. « Bien qu'un beau soleil brillât sur la ville et qu'aucune chauve-souris ne voletât au-dessus de la tête des mariés à l'autel, indiquant que le couple n'aurait pas d'enfant ». Et « deux jours plus tard, après avoir fait une fausse couche, elle mourut ». N'en déplaise à « Mr Botting qui était fossoyeur et bedeau ».
De quoi s'interroger sur la signification de « donner et recevoir ». de quoi aussi déménager et s'installer au « Pré de la Chèvre » pour y couler des jours meilleurs. Ce qui est sans compter sans les charmes de la belle Jenny Honeybun, qui d'une prostitution passive finit par se souhaiter « des fleurs d'oranges à son chapeau, un anneau nuptial, un chat et un canapé ».
Ce sera finalement un poème « J'irai jusqu'au palmier et je m'emparerai de ses palmes : maintenant tes seins aussi seront comme des grappes de raisin, et l'odeur de ton nez comme des pommes. »
Une nouvelle quelque peu longue avec ses 80 pages, dans le ton des autres écrits de T. F. Powys, tout comme les oeuvres du reste de la famille Powys, trois frères et une soeur écrivains, dans le Dorset. A l'opposé des Brontë, qui étaient trois soeurs et un frère à écrire, mais dans le Yorkshire. Dans ces deux univers, le monde rural est clos. Il faut dire que la fratrie totale est de onze enfants, tous issus de Charles Francis Powys (1843–1923) qui officiait comme pasteur dans le Derbyshire. Il ne faut donc pas s'attendre à des romans libertins ou à la gaudriole affichée.
On pourra se faire une idée en lisant l'ouvrage qui rassemble les 4 frères et soeurs, John Cowper, Llewelyn, Theodore Francis et Philippa « Scènes de Chasse en Famille », (2003, Elisabeth Brunet, 476 p.). Ce n'est pas follement la joie de vivre. « Moucherons humains nous passons / Notre temps dans les dilemmes » ou bien « Apprenons à nous supporter / Et souvenons-nous que nous sommes taillés
Dans une étoffe unique, / Faisons de notre sac d'embrouilles / Une pelote de primevères pour faire la nique / Au soleil et à la lune » « Elles marchent dans le bois, les lèvres scellées / La Nonne silencieuse et la vache silencieuse » « le ver qui se nourrit de la tête de César / S'étonne, à tâtons dans le noir,
Si tous ces morts sont morts, / Qu'ait flambé l'étincelle de vie »
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