Dans la société du politiquement correct, le tabou est devenu la règle, la liberté l'exception. La litanie des mots censurés résonne comme l'appel des causes devant un tribunal : Immigration. Préférence nationale. Discrimination. Patriotisme. Respect de la sécurité des personnes et des biens. Sévérité à l'égard des délinquants. Répression. Méfiance vis-à-vis de la construction européenne. Régime de Vichy. Souvenir de l'Algérie française. Restriction du droit à l'avortement. Refus du mariage homosexuel. Famille composée d'un père et d'une mère. École du travail et du mérite. Promotion de la morale.
Si les ligues de vertu se contentaient d'inspecter le fond de nos verres, de filtrer l'air que nous respirons et de flasher la vitesse que nous atteignons, nous serions prêts à sourire face à ce dévoiement d'un chimérique principe de précaution. Malheureusement, sondant nos coeurs et nos reins, elles sont à l'affût de tous les mots qu'elles ont frappés d'interdit.