À quinze ans, un événement va bouleverser sa vie. Ne sachant plus que faire de cet adolescent toujours dans ses pattes et dans le placard à gâteaux, sa mère l'inscrit à la bibliothèque municipale du quartier située à l'autre bout de la ville [362.73 (Institutions pour enfants)]. Dès lors, il passe le plus clair de son temps entre les livres et les rayonnages poussiéreux, à mesurer la taille ou l'épaisseur des ouvrages, mais aussi sur les routes pour rentrer chez lui [910.4 (Récits de voyages)]. Le personnel le prend en sympathie [616.027 (Animal de laboratoire)], surtout madame Daisy Rosemblum, la conservatrice. Elle lui explique les rudiments du métier :
« NE JAMAIS PARLER TROP FORT,
FAIRE PREUVE DE PATIENCE,
ARRIVER ET PARTIR À L'HEURE,
BOIRE DU THÉ ».
Melville apprend vite. Son destin est tracé, il sera bibliothécaire et il a de grandes idées... »
La bibliothèque, monde étrange... D'un côté, une forme de rigorisme, un langage professionnel fourni et opaque (désherbage, cotation, exemplarisation, récolement etc.) ., des rayonnages au garde-à-vous, alignés comme une armée de petits soldats, le tout accompagné d'un bon coulis de silence digne d'un cimetière sous une chape de plomb. De l'autre, une cacophonie de phrases contenues dans les livres, de musiques, de peintures, d'univers loufoques côtoyant des essais universitaires, bref, la vie dans toute
sa diversité ! Et au milieu de cela le thé, breuvage énergisant pour des bibliothécaires, souvent à lunettes et parfois moustachu (e)s. (p. 30)
Mais revenons à notre cher Melvil. En faisant mes recherches, qui m'ont mené aux quatre coins du globe ( mais surtout sur Wikipédia), j'ai découvert un drôle de bonhomme avec ses zones d'ombre, qui a largement dépassé le simple domaine de la bibliothèque pour construire une sorte d'oeuvre totale, un Facteur Cheval de la bibliothéconomie, bref, le délire d'un artiste !
Ici, après la prise d'un Paracétamol 1 000 mg et d'une bouillotte bien chaude, vous pourrez commencer la lecture d'un tableau qui regroupe les grandes classes de la classification Dewey (ou CDD) (p. 31)
Bon, moi , à la bibliothèque , je ne cherchais pas à m'y retrouver. Au contraire, j'étais plutôt venu là pour me perdre, fuir la rigidité de l'institution scolaire., chercher l'ivresse et découvrir en butinant, d'une étagère à l'autre, des sons, des mots et des images...Bref, j'oubliais très vite le "Dewey" et sa triste histoire de classification. Puis , quelques années plus tard, souhaitant travailler au sein des bibliothèques, je participai à une formation de l'ABF [ association des bibliothécaires de France ] pour apprendre les bases du métier. Là, tel un fantôme espiègle, Dewey revint hanter mon esprit et me tirer par les pieds. (p. 30)
En 1883, il intègre la bibliothèque du "Columbia College" et fonde l'école de la bibliothéconomie de Columbia. Le plus vieux centre de formation des bibliothécaires du monde, constitué d'une vingtaine d'élèves, 3 hommes et 17 femmes 519.53 [Statistique descriptive. Analyse de population ] ouvre ses portes le 5 janvier 1887, à 8 h 31. Là, ils apprennent les rudiments du métier qui, dans un ordre croissant, sont :
1) Ne jamais parler trop fort
2) Faire preuve de patience
3) Arriver et partir à l'heure
4) Boire du thé (p.19)