Thierry Murat

Mais un jour est venu le temps de la haine et de l'avilissement. Le culte de la Vierge - l'éloge de cette vague pureté féminine - a consacré le suprême mépris pour la femme réelle, entière, intuitive et créatrice de mondes. Ils ont eu peur de votre énergie bienveillante, cette douce force, cette étincelle que vous alliez cueillir au fond de l'obscurité. Au fond de la mémoire de la terre et de vos entrailles de femelles. Les joyeuses fêtes paysannes, où la bière de bruyère coulait à flots, furent transfigurées en cérémonies sacrilèges, et rebaptisées "sabbats", par les inquisiteurs du concile de Trente. Les danses en rond - les carols, les reels et les jigs - furent interdites afin d'éviter l'état de transe et les voluptueux débordements des corps ; cette pulsion de vie qui prolongeait souvent les réjouissances, dans l'extase vénérienne du lâcher-prise. Ils ont réécrit l'histoire. Diabolisant tous les plaisirs. Et surtout le plus beau : celui de la chair. Vous transformant ainsi en démoniaques fiancées de Satan, habitées de pouvoirs maléfiques. Alors est venu le temps des ténèbres et de la persécution.