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Citation de xTHX1138x


A l'extrême opposé de la réussite, l'échec est également individualisé. La question du chômage serait à rechercher dans le comportement de l'individu qu'il faudrait mieux inciter (en diminuant les prestations chômage), puis mieux canaliser (en lui interdisant de refuser plus de deux offres d'emploi) et, enfin, davantage former (pour satisfaire les secteurs en pleine croissance, peu importe si le chômeur aspire à faire autre chose). Cette individualisation de la question du chômage est encore à chercher dans la représentation théorique qu'en fait l'économie. Le courant dominant (les néo-classiques) nous explique qu'un individu effectue un arbitrage entre travail et loisir en fonction du salaire proposé par le marché du travail. S'il juge le salaire satisfaisant, alors il accepte de sacrifier sont temps de loisir pour travailler. Inversement, si le salaire ne lui convient pas, il choisit le loisir et devient un "chômeur volontaire". Dans ce courant de pensée, le chômage est donc le résultat d'un choix individuel et volontaire entre loisir et travail.
Mais derrière la théorie se cache, en réalité, une volonté de diffuser des valeurs d'ordre moral. Il y aurait d'un côté des "travailleurs courageux" qui acceptent un salaire faible et, de l'autre, des "fainéants" qui, au même salaire, préfèrent le loisir. La légitimation de l'individu comme responsable de son destin et la stigmatisation du chômeur qui en découle ont trouvé leur source dans cette représentation de l'économie. Le traitement de la question du chômage dans l'économie mainstream cache en réalité un biais moral reprochant aux chômeurs d'être paresseux. Il faut donc les inciter à le devenir moins en les punissant et en les contraignant. [...]
Pourtant, cette représentation du chômeur ne tient pas. Sauf à considérer qu'il y a des périodes d'épidémies de paresse qui sont tombées, comme par hasard, en 1929 et 2008, les années des deux plus importantes crises économiques. [...]
Ceux qui connaissent ou ont connu le chômage dans leur vie savent que ces théories sont fumeuses et que le chômage n'est pas le résultat d'un choix individuel, mais le plus souvent une situation subie. Et la politique économique en est souvent le premier responsable (p.66-68)
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