AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

3.65/5 (sur 56 notes)

Nationalité : France
Biographie :

Romancier et photographe.
Dans son premier roman Du feu dans la plaine, Thomas Sands anticipait l'avènement d'Emmanuel Macron et les mouvements virulents de l'hiver dernier.
L'un des tiens est un récit post-apocalyptique : il anticipe l'effondrement de l'économie, des institutions politiques, des ressources énergétiques, ainsi que les catastrophes écologiques et sanitaires qui s'ensuivent.

Source : Editeur
Ajouter des informations
Bibliographie de Thomas Sands   (3)Voir plus

étiquettes
Videos et interviews (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de

Fred, spécialise Polar à la librairie Sauramps Odyssé , vous emmène à la découverte d'"Un Feu dans la plaine" de Thomas Sands. Un polar "hallucinant" où la vie d'un jeune garçon de 23 ans va basculer suite à un contrôle de police ! Site Web Sauramps : https://www.sauramps.com Retrouvez nous sur : Facebook : https://bit.ly/2lhDbcc Twitter : https://bit.ly/1UDrTNf Instagram : https://bit.ly/2MEVCE7 Pinterest : https://bit.ly/2K6kiUc


Citations et extraits (35) Voir plus Ajouter une citation
– Qui chante ? Qu’est-ce qu’elle chante…
– Elle, c’est Aïcha Redouane, une Marocaine. Berbère. La chanson s’appelle « Wâ zâdi qâlilun », « Faible est ma provision ». C’est un poème soufi mis en musique…
– Je pensais pas qu’un chant pourrait me toucher à ce point.
– T’atteindre…
– Oui, c’est exactement cela…
– Nahda…
– Tu me traduis ?
– C’est un vieux mot. Il signifie le pouvoir et la force. On dit qu’il évoque l’oisillon appuyé sur le rebord du nid et prêt à prendre son envol…
Nous terminons notre qahwa en silence, alors que la voix de Aïcha Redouane se tait lentement, une dernière note retenue dans la gorge, comme une plainte muette, un sanglot. Une douleur soudain close.
Commenter  J’apprécie          60
Dans ce monde où tout est à vendre, où nous sommes surveillés sans relâche, où le seul désir de la plupart est de posséder davantage encore, nous n'avons d'autre choix que de nous enraciner dans l'histoire de nos morts. C'est la mémoire sans cesse ravivée qui nous sauvera peut-être. Les morts ne doivent pas mourir. Puisque nous sommes orphelins d'un avenir décent, puisque nous sommes exilés de tout horizon.
Commenter  J’apprécie          60
Et si, au fond, la seule solution humaine (il me faut du courage, et surmonter mon dégoût, pour le dire, pour l'écrire ici), la seule solution humaine pour faire la guerre dans les montagnes serait ce qui me fait vomir: l'internement administratif, les regroupements? Parce qu'au fond ce n'est peut-être pas ça qui menace le plus la liberté des musulmans. Parce que la liberté, ça n'existe pas en Algérie. Le totalitarisme du FLN, le terrorisme, sa volonté de diriger seul, tout cela empêche le peuple d'être libre. Et si placer les musulmans dans ces lieux clos de barbelés était la seule façon de les protéger de la guerre du FLN? La seule manière de soustraire la population à cette situation absurde et cruelle où elle est prise entre deux feux, et condamnée à vivre soumise, écartelée, exilée d'elle-même?
Commenter  J’apprécie          20
On cesse d’être humain, d’être rattaché au monde, aux autres, à ceux que l’on aime à la seconde où l’on ne peut plus dissocier les événements de ses émotions. À la seconde où les mots vous manquent. C’est toujours la honte qui engendre le crime.
Commenter  J’apprécie          30
Ce qu’il voit, ce qu’il distingue dans les yeux de l’otage, toujours les mêmes images, le même cauchemar, le visage du vigile qui tombe à ses pieds devant l’usine, le visage de sa mère égarée par les anxiolytiques, l’angoisse imbibant jusqu’à la prunelle trempée, chacun de ses regards, de ses gestes ralentis. Il sait bien pour quelles raisons il retient cet homme, voici le témoin de ses terreurs, de la grande tristesse qui étend sur lui son empire, la détresse inexorable qui est sa nouvelle substance puisque la colère le submerge, l’épuise plutôt, puisqu’il vit dans la douleur, l’amertume, tel un vain protecteur, chargé de repousser les fantômes, la mort qui s’étend sans répit autour de lui, autour des hommes seuls. Au fond, il n’a jamais eu un tel ami, fidèle comme un souvenir, quand les remords vous hantent et vous implorent. Fidèle, et plein de compassion, quand on ne se pardonne plus rien. Fidèle, avec l’indulgence, avec l’intensité douloureuse de ses regards, lorsqu’il voit chez son tortionnaire la faiblesse derrière l’intensité, l’impuissance devant la vie. Son unique ami, son frère. Celui qui éclaire sa nuit. Fidèle. Atroce.
Commenter  J’apprécie          10
Dans ce monde où tout est à vendre, où nous sommes surveillés sans relâche, où le seul désir de la plupart est de posséder d'avantage encore, nous n'avons d'autre choix que de nous enraciner dans l'histoire de nos morts. C'est la mémoire sans cesse ravivée qui nous sauvera peut-être.
les morts ne doivent pas mourir. Puisque nous sommes orphelins d'un avenir décent, puisque nous sommes exilés de tout horizon.
Commenter  J’apprécie          20
Il s’arrête au sourire des putes derrière les restoroutes, tout près des douches, des latrines, des urinoirs. Les routiers matent avec une sorte de fureur, certains ricanent, les derniers s’approchent davantage, qui bandent déjà. Le corps des filles à demi nu, lamés à deux balles, fard, mascara, balafre. Les corps ouverts contre les murs, les blessures. La solitude et la violence, les pulsions, les désirs, le sexe troublé. Il y a les semi-remorques des routiers exténués, qui arrivent de Pologne, d’Ukraine ,de Turquie, il y a les filles d’Espagne, de France, de Tunisie que l’économie mondialisée met à genoux pour sucer. L’économie excitée qui lamine ces hommes, écartèle ces femmes. Que fait-il ici, à observer ? Sinon se salir, puisqu’il a failli selon lui. Acérer sa colère, la rassembler en violence. Que fout-il ici, sinon se révolter.
Commenter  J’apprécie          00
Les images, les souvenirs, les regards le laissent sans repos. Il s’est posté à la croisée, incapable de dormir, il ne sait pas se poser. Il lui reste encore un peu de mémoire, il lui reste quelques souvenirs, des parfums, un visage presque effacé. Il a quinze ans quand sa mère est licenciée, il revoit la lettre sur la nappe en plastique humide de la cuisine, juste après le repas, elle vieillit d’un coup, dix ans, vingt ans, elle cache ses mains pour qu’il ne les voie pas trembler. Ils sont seuls à présent, il sera l’homme de la maison, son père s’est barré depuis longtemps, il a oublié jusqu’à sa gueule, a comblé le vide par la révolte, ils sont vraiment seuls à présent, il faudra prendre soin soutenir protéger, elle ne retrouvera pas de travail, pas à son âge, ils le savent tous les deux.
Commenter  J’apprécie          00
Soudain, les visages défilent, leur expression sidérée et toute la solitude, la tristesse qui se lit sur leurs traits. Je pense à tous ceux que j’ai blessés, laminés, estropiés. Mes amis, mes enfants et leur mère, mes victimes. Je commence à comprendre. Je me suis acharné à vivre hors du monde, à ne jamais me laisser atteindre, me laisser toucher vraiment. Ce n’était pas seulement ma crainte d’être blessé mais une sorte de méchanceté naturelle. De cruauté même, qui me poussait à m’éloigner toujours, à prendre et à garder mes distances jusqu’à éprouver une sorte de plaisir à voir les autres se cogner contre les silences, s’écorcher aux murs que j’érigeais entre moi et le monde. Le sentiment de ma propre puissance, la force de mon caractère. Ressembler à mon père.
Commenter  J’apprécie          00
Il aime se poser là, peut-être parce qu’il a toujours souhaité être un témoin. Sans véritables racines, comme tous ceux de son époque, condamné à la vitesse, au culte de l’instant, fils de rien, il a longtemps éprouvé le besoin de vivre avec, de vivre parmi, malgré la sensation d’exil qui est son empreinte profonde. La vue de ces familles pieuses, éclairées par leur foi, leur culture, lui évoque un sentiment d’appartenance qui en ce qui le concerne se dérobe, puisqu’il ne croit en rien, ni en personne, même pas en lui. Puisqu’il abrite depuis l’enfance ce mélange d’émotivité et de cruauté que seul peut éprouver celui qui espère trop, qui une fois au moins aurait voulu atteindre la perfection.
Commenter  J’apprécie          00

Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Thomas Sands (68)Voir plus

¤¤

{* *} .._..