AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de Othmane_Mo


Le mal était déjà là, tapi dans l'ombre, n'attendant que le moment pour éclater au grand jour.

La psychologie du déviant, d'Anakin à Chérif Kouachi.

C'est une photo dont les couleurs sont un peu passées. Il faut dire qu'elle a vingt ans, cette photo. Au second plan, un immense immeuble, résidence de vacances, alignement incurvé de balcons identiques. Au premier plan, le bleu chloré d'une piscine chauffée par le soleil d'été. Quelques têtes sortent de l'eau. Sur le rebord, des adolescents. Un jeune garçon qui fait le "V" de la victoire avec les doigts de sa main droite. Ses cheveux sont noirs et sa peau brune. Il paraît sur le point de plonger dans la piscine. Son sourire est immense, solaire. Cet été 1994, comme chaque été depuis quelques années, ce garçon le passe à la Grande-Motte, au bord de la Méditérrannée. Ce garçons, vous le connaissez. Son nom est Chérif Kouachi.

Comment un enfant rieur devient-il l'incarnation du Mal?

(...)Anakin est un petit garçon qui grandit sans père, seul avec sa mère adorée. Ses talents, il les met sulement au service de Shmi, sa mère. Il devra se séparer de sa mère à ses 9ans pour devenir un Jedi, pendant que celle ci reste l'esclave de Wattoo, sur Tatooine.

La séparation est déchirante. Hugues Paris et Hubert Stoecklin, psychiatres et psychanalystes, ont analysé en profondeur le profil psychanalytique d'Anakin/ Dark Vador. *1

Ils montrent à que lpoint cette séparation maintient le jeune Anakin dans une situation d'inconfort affectif, dans la crainte qu'il éprouve de ne laisser aucune trace auprès de sa mère. Il est vrai que, profondément attristé, il se heurte à la froideur de sa mère. Avant de partir, il lui demande, plaintif : " Est-ce que je te reverrai un jour?". Sa mère ne lui offre qu'une réponse sous forme de question : " Que répond ton coeur à cette question?".
"Sois courageux et ne regarde pas en arrière" sont les derniers mots de sa mère.

C'est uen chose bien établie que l'enfant qui grandit sans l'un de ses parents vit dans l'angoisse permanente de perdre le parent restant, de devenir orphelin. Anakin, s'inscrit parfaitement dans ce cadre théorique.
(...) Maitre Yoda est immédiatement réticent à l'idée de former Anakin:

Yoda: Qu'éprouves-tu ?
Anakin : J'ai froid.
Yoda : Peur as-tu?
Anakin : Non.
Yoda : Lire en toi nous pouvons.
Windu : Sois attentif à ce que tu ressens.
Ki-adi: Tes pensées vont vers ta mère.
Anakin: Elle me manque.
Yoda : Peur de la perdre tu as ?
Anakin : Qu'est ce que ça change?
Yoda: Tout! La peur mène au côté obscur. La peur engendre la colère. La colère engendre la haine. La haine engendre la souffrance. Je sens beaucoup de peur en toi.

Anakin a peur. Il est terrorisé à l'idée de ne plus revoir, mais surtout de perdre sa mère. Sorti de l'adolescence, Anakin rêve de la mort de sa mère.

Donlad W. Winnicott, l'un des grands psychanalystes du XXe siècle, spécialiste de l'enfance, décrit le cas de cette petite fille, née sans père, qui rêve sans cesse de la mort de sa mère, traduisant l'angoisse permanente de sa disparation. Tout comme Anakin obsédé par la vision de sa mère morte.
C'est d'ailleurs après un rêve qu'il décide alors, jeune homme, de la retrouver.

(...) Arrivés sur place, Anakin apprend une terrible nouvelle. Un mois plus tôt, les Tuskens [Des Bandits], ont fondu sur la ferme de sa mère et l'ont enlevé.
Anakin ne peut se résoudre à la mort quasi certaine de sa mère. Guidé par la Force autant que par le chagrin et la colère, le jeune Jedi se met en chemin. L'ombre d'Anakin qui se projette sur le mur de la ferme laisse déjà apparaître les futurs contours de Dark Vador.

Car ce n'est pas vers sa mère qu'il court, qu'il vole, c'est vers le côté obscur de la Force.
Les paysages apocalyptiques qu'il traverse sur son speeder-bike sont autant de signes des ténèbres qui l'attendent. Anakin etrouve le campement et sa mère gisante sous l'une des tentes. Shmi est mourante, agonisante, Anakin la délivre. (...) Libre, Shmi ne l'est qu'un instant avant de succomber dans les bras de son fils en larmes.

Ivre de colère, le regard sombre, Anakin se saisit de son sabre laser et fait un carnage, qu'il avouera à Padmé à son retour: "Je les ai tués. Je les ai tous tués. Ils sont morts. Tous, sans exception. Pas seulement les hommes. Les femmes... et les enfants. Ils rassemblement à des bêtes. Je les ai massacrés, comme des bêtes. Je les hais!".

C'est presque un point de non-retour. Conscient d'avoir franchi une limite inacceptable pour un Jedi, Anakin est profondément troublé. Yoda l'avait pourtant averti.

(...) Au moment exact où il égorge les hommes, les femmes et les enfants du campement des Tuskens, à des dizaines de milliers de kilomètres de là, Yoda ressent un grand bouleversement, prouvant ainsi l'importance capitale du geste d'Anakin pour l'équilibre du cosmos : "Pine, souffrance, mort, je perçois. Une chose affreuse est arrivée. Le jeune Skywalker a mal. Terriblement mal."

Et pendant que ces mots sont prononcés, c'est le thème de Dark vador, ces quelques notes reconnaissables entre mille de la "marche impériale" qui retentit... Ce n'est pas la première fois. On l'avait déjà entendu lorsque Yoda avait partagé avec Obi-Wan ses doutes quant à Anakin, à la fin de l'épisode 1. Et sous une forme encore très douce alors qu'Anakin nétait encore qu'un enfant sur Tatooine, au moment où il rencontre pour la première fois Padmé. Pour ce premier épisode, on entend le "thème d'Anakin" qui commence légèrement puis qui s'obscurcit en s'achevant par un embryon de la "Marche impériale".

Comme si, dès l'enfance, par l'abandon maternel, le mal était déjà là, tapi dans l'ombre, n'attendant que le moment pour éclater au grand jour.

Thomas Snégaroff, Stars Wars, le côté obscur de l'Amérique, p. 134-141.
Commenter  J’apprécie          00









{* *}