Citations de Traci Chee (78)
Il paraît que la peur est un nœud dans le ventre, mais ce qu'elle ressentit alors n'avait rien à voir. C'était plutôt une dissolution, comme si le brouillard se consumait et s'effritait, ne laissant que Sefia, nue et sans défense, entourée de néant.
Notre temps dans ce monde est si court. Et encore plus court à cause de la satanée folie des hommes.
Tu te souviens, après Pearl Harbor, cette impression que tout le monde aux Etats-Unis observait nos moindres faits et gestes ? Quand on devait se montrer extrêmement prudents pour qu'ils n'aient aucune raison de penser qu'il nous restait un quelconque lien avec le Japon ? Parce qu'au moindre dérapage, ça ne voulait pas juste dire qu'on était un non-Américain, mais que tous les autres — famille, amis, vraiment tout le monde — étaient eux aussi des non-Américains et n'avaient pas leur place ici ?
La maison, c'est pas forcément quatre murs et un toit. Ça peut être un bâteau. Ce que tu portes sur ton dos jour après jour. La famille. Ou encore cette personne unique que tu aimes plus que toute autre. C'est ça la maison.
- Je suis désolée.
D'en être arrivée là. Tuer ou être tuée. Lui ou elle. Un choix qu'elle ne pouvait défaire.
Ceci est un livre, et un livre est un univers et les mots sont les graines où germe le sens. Les océans de pages et les marges de terre sont des civilisations au creux de la paume. Mais observe ton monde et ta vie semble se résumer à des cités de papiers et des mers d’encre. Sais-tu qui tu es, ou as-tu été trompé ? Es-tu celui qui lit ou qui est lu ?
- Mareah, chuchota-t-il.
Le mot embua le regard de la jeune femme. Elle sourit. Un sourire déformé par un nœud de douleur. Elle avait un nom.
Mais la sagesse était une valeur surfaite. La stupidité, la bravoure et la curiosité, en revanche? C'était grâce à elles que naissaient les meilleures histoires.
Il y a des choses qui une fois abîmés ne peuvent jamais retrouver leur état premier.
C’est comme ça, de nos jours. Tu hésites un instant et tes voisins se sont volatilisés. Tu regardes ailleurs et tes amis t’ont été arrachés. Tu clignes des yeux, et c’est toi qui as disparu.
Deux garçons qui s'aiment, et l'un d'eux part à la guerre.
On est là, debout au coin d'une rue tandis que tout notre monde s'effondre autour de nous.
Et on est en colère.
Et on sourit.
Et on reste entiers.
Les gens bien n'expulsent pas d'autres gens bien, donc si on est des gens bien, ça veut dire qu'eux n'en sont pas. (Il écarte les bras.) Tu vas leur provoquer une crise existentielle, M'man ! Tu sais que les Blancs ne peuvent être que des gens bien, voyons !
C’est arrivé. Ça nous est arrivé. C’est arrivé à des adolescents comme elle. Ça peut se reproduire un jour.
Toi qui es parti, tu nous manques tant.
En Kelanna, on prétend volontiers qu'il en va de même pour les histoires et pour les gens : ils s'améliorent avec l'âge. Mais toutes les histoires n'échappent pas à l'oubli, et tout le monde n'a pas le privilège de vieillir.
Ça ne vaut pas le coup de vivre éternellement si on ne vit que pour soi-même.
Il y a des choses qui, une fois abîmées, ne peuvent jamais retrouver leur état premier.
Les légendes se forgent sur terre autant que sur mer, à la pointe de la plume ou de l'épée, mais attention à ne pas y perdre son Humanité.
Il était une fois, et une fois il sera...