Soudain retentit un chant - un chant de bergers
en symbiose avec la montagne enneigée,
très pur mais sans beaucoup de force,
la force est toute dans le berger qui chante.
Peut-être est-il né là, dans la montagne enneigée,
au pied ou au sommet, je ne saurais trop dire,
mais sûrement pas dans une caverne, bien protégé.
Au pied on court des risques, au sommet des dangers,
d'où les accents pleins de bravoure de sa chanson.
J'en ai tremblé de tout mon corps,
et me tournant vers le ciel sombre
comme une promesse ai prononcé ce nom
- Amnyé Machen !
Les endroits situés dans les zones dites frontalières de la Chine portent tous des noms à résonance étrangère. Plus l’endroit est éloigné, plus son nom est étranger. Ces lieux sont comme ces animaux qui vivent en pleine nature et que l’on aperçoit rarement ; certains sont captivants ; d’autres, extrêmement sauvages; d’autres, enfin, se manifestent juste par un cri à peine audible qui, pourtant, nous émeut jusqu’aux larmes. Ils ont tous conservé leur instinct naturel. Et ils sont reliés au passé, ce passé qui n’est qu’un effluve de souvenirs, un moment de nostalgie.
– Tsering Woeser, "La beauté des cartes" (Jentayu 4, "Cartes et Territoires")