Tshanyang Gyatsho

J'ai tracé un dessin sur la terre:
Il donnait la mesure des étoiles du ciel.
Du corps de mon aimée j'ai étreint la douceur
Sans rien élucider du fond de sa pensée...

La figure merveilleuse
de cette fille de dignitaire
est un fruit qu'on regarde mûrir
sur la branche haute du pêcher !

Puisque tu m'as ravi l'esprit
oh ! reste dans ma vie,
tu me feras le conquérant
du joyau de l'océan !

De la montagne à droite, cette jeune fille et moi
arrachions l'aigremoine
pour en faire un onguent
qui laverait leurs yeux de tous les préjugés !

J'en étais si amoureux que je lui dis :
"et si nous habitions ensemble ?"
Elle me répond : "tant que la mort ne nous sépare pas,
ne laissons pas la vie le faire"

Je suis allé auprès du plus excellent des Lamas
prier qu'on guide mon esprit.
Mais comment pourrais-je jamais enrayer
le tour de mes pensées d'amour ?

De la montagne à l'ouest
un nuage blanc se gonfle vers le ciel :
sûrement, celle qui assujettit mon cœur
fait des fumigations.

Biens et plaisirs, richesses vaines
passionnément entassées...
jusqu'à ce que mon amie d'enfance
vienne me libérer du joug de la cupidité !

Quand le joyau était à moi
j'ignorais sa valeur,
quand le joyau devint à l'autre
le chagrin monta étreindre mon cœur !

Mon cœur trop simple m'a livré
à ton sourire, à l'éclat de tes dents.
Promets qu'au fond de toi
je ne te suis pas indifférent.

Un sceau imprimé à l'encre
ne me dit rien qui vaille :
mieux vaudrait que chacun s'imprime à l'esprit
la modestie et la prudence.

La fine écriture noire
se dissout goutte à goutte
Mais les desseins muets du cœur
ne se laissent pas gommer...