L’art littéraire a fait de grands progrès dans les romans de cet écrivain. Là où un autre romancier pourrait dire : X a parcouru le chemin de la porte à la fenêtre, Hortensia Papadat-Bengescu remplit ce vide par des dizaines d’observations relatives à l’âme du personnage X pendant ce court itinéraire. Quelle richesse de notations, d’associations, de réflexions ! On a parlé de l’influence de la technique littéraire de Proust. L’hypothèse, du goût des amateurs de sources littéraires, n’est pas suffisamment fondée. Le don de l’analyse, la minutie des observations, le talent de combler ainsi les vides de la narration, la densité du réalisme psychologique venaient de bien loin, des premiers écrits de notre auteur. La technique de l’observation de l’intime s’appliquait à présent au monde environnant, en surprenant le détail psychologique infinitésimal avec les mêmes résultats.
(traduit du roumain par Florica Courriol)
Le salon de Eugene Lovinescu qui commençait à faire paraître la revue « Sburătorul », s’ouvrait à tous les écrivains de l’époque. Un jour s’y présenta l’auteur des « Eaux profondes » [Hortensia Papadat-Bengescu] et j’ai observé alors attentivement celle qui cachait, sous la réserve de sa distinction personnelle, les signes d’une fébrilité trahie par le débit quelque peu précipité de sa parole, mais qui m’était déjà connue depuis la lecture de ses pages éblouissantes. On exigeait d’elle à « Sburătorul » de dépasser la littérature de confession et d’atteindre le champ d’observation plus ample et plus variée de la vie, en direction de ce « réalisme » et de cette « objectivité » que l’on prônait alors. Pouvait-elle parler d’autre chose que de soi-même, des gens et des situations intimement liées à sa sensibilité ?
(traduit du roumain par Florica Courriol)
Il est assez difficile de faire la différence, lorsqu’on étudie les procédés artistiques et les valeurs du style de l’œuvre de Mme Hortensia Papadat-Bengescu, entre les notations où prédominent vision et sensibilité et celles où prédomine l’analyse […] Parfois, ces analyses empreintes de nombreux éléments sensoriels, acquièrent de larges développements, de sorte qu’un seul geste ou une seule réaction intime est intensément poursuivi, approfondi dans son intégralité par une méthode d’épuisement du détail psychologique, par de riches associations autour d’un point infinitésimal, point qui, en multipliant la sensation par la réflexion, nous rappelle de près la technique des analyses ingénieuses et abondantes si propres à Marcel Proust.
(traduit du roumain par Florica Courriol)
[Le cycle des Hallipa écrit par Hortensia Papdat-Bengescu] compose un cycle unitaire, avec des personnages qui passent d’un livre à l’autre, avec des filiations telles que celles que l’on trouve chez Zola ou Galsworthy. Une grande composition épique sur la société roumaine vue surtout à travers ses classes dominantes, où l’on surprenait l’arrivisme, le snobisme, les préjugés, la dégradation physique et morale d’un monde sur lequel descendait un terrible crépuscule, venait de s’accomplir.
(traduit du roumain par Florica Courriol)
Ce mode [d’écriture qu’adopte Hortensia Papadat-Bengescu] ne ressemble naturellement pas à la manière de [Paul] Bourget. Froid, par l’exigence d’une certaine tenue intime, ce mode reste en réalité animé par la chaleur d’un tempérament passionné. Scientifique – sa science est métaphysique.
(traduit du roumain par Florica Courriol)