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Critiques de Tuyêt-Nga Nguyên (19)
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Soleil fané

Un très beau texte, témoignage tendre et poignant , lu d'une traite sur les vies brisées, le chagrin de la guerre, celui des corps mutilés , des âmes meurtries à jamais , la cruauté aveugle , la barbarie , le chaos , la misère du peuple, l'espace de souffrance , où Tuyêt , dans ce récit largement autobiographique exprime avec ses mots sobres, le désarroi d'un peuple abandonné alors qu'il vivait en guerre depuis 1946 et que le mot LIBERTÉ ne prenait aucune consistance malgré le prix des sacrifices et du sang versé, le 30 avril 1975 , jour de la fin de la guerre du Vietnam ( clôturant 20 ans de lutte fratricide ) , caractère foudroyant de la victoire communiste , climat apocalyptique et spectacle hallucinant ...







Une semaine plus tard , le Pays sombre dans la dictature ...





«  Les rêveurs ne rêvent plus.

L'HISTOIRE se répète

Et les Vietnamiens pleurent »



Après la gueule de bois, Tuyêt , 22 ans , se ramasse un coup de vieux : derrière les frontières fermées les CAMPS de concentration ont commencé à sortir du sol : «  Rééduquer » Qui ? Les intellectuels, les ex- militaires et «  tous les ennemis du peuple » , rééducation présentée comme passage obligé pour mériter sa place dans la Nouvelle Société ...



Dans un style lyrique , scandé parfois de strophes poétiques Tuyêt conte , inquiète , les circonstances à la fois tragiques et rocambolesques du départ de sa mère, farouchement anticommuniste , vers les États - Unis ...



Une tranche de vie émouvante qui dit la douleur des illusions perdues et le chagrin de la guerre , posant la question de l'utopie égalitaire , où certains mots reviennent comme une litanie : absence ,silence, violence, feu, flammes , sacrifice, disparition, réapparition, morts et tant d'autres sur la guerre et sa violence, la révolution sanglante , les histoires d'amour sublimes, la place des absents , son père, Luân, Lâp, Manh, , tous différents, tous unis par le destin des héros ...

Mais ces mots sauront - ils jamais dire ce chagrin ?



«  Nuages affligés

Où avez- vous caché le soleil ? . »

«  Les illusions sont comme des fleurs : tôt ou tard , elles meurent ... » .



L'auteure , arrivée en Belgique à l'âge de dix - huit ans , a habité aux États - Unis et en Afrique .

Elle vit aujourd'hui à Bruxelles.
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Le journaliste français

Le journaliste français c'est l'histoire d'une guerre fratricide , celle du Vietnam , vue au travers des yeux d'une fillette qui se réfugie dans l'imaginaire , dans la lecture

Dés que Tyuet découvre les livres , elle va lire de façon passionnée , c'est sœur Thérèse , une des sœurs de l'école française où Tuyet fait ses études qui va se rendre compte que Tyuet est une lectrice avide , qui espère avoir des réponses à ses questions d'enfant dans les livres

Tuyet nous raconte son enfance partagée entre deux mondes , un où elle est Tyuet qui signifie neige , l'autre où elle doit obligatoirement parler français et où elle s'appelle Claire .

Ellle a non seulement deux noms , deux langues mais également deux pays , c'est à dire le Nord et le Sud Vietnam , elle écoute les grandes personnes qui se sont réfugiées dans le Sud pour fuir le communisme , évoquer leurs souvenirs nostalgiques de ce Nord abandonné , de leurs amis perdus , Tyuet ne comprend pas tout ce que racontent les adultes et entend bien souvent la phrase ´ tu comprendras plus tard ´ , mais où se situe ce plus tard se demande - t-elle ?

Tuyet nous raconte la vie de sa famille où les hommes sont absents , son père dont elle n'a qu'une photo est sans doute mort au combat , son grand père a été assassiné peu après sa naissance , encore une mort due à la guerre , même le petit frère que Tuyet aura va mourir de maladie , étrange malédiction sur les hommes .

Les femmes sont un peu plus présentes , Tyuet aime être avec sa grand -mère qui lui raconte le passé , le bonheur mais de façon sereine , Tuyet attend sa mère chaque dimanche au pensionnat , celle ci ne vient pas à chaque fois , elle est trop occupée à essayer de donner un sens à sa vie , à vivre pour le but qu'elle s'est assignée , voir la justice triompher dans son pays

Et puis comme le titre le dit ce livre c'est l'histoire d'une rencontre réelle ou fantasmée d'un journaliste français au doux sourire , aux yeux pétillants qui va la secourir lorsqu'une bombe tombe sur le marché où Tyuet a été envoyée chercher des œufs .

Ce journaliste avec son sourire si différent des vietnamiens va représenter l'espoir pour la fillette , elle va se consacrer à ses études , à apprendre le français , un jour c'est décidé elle ira à Paris

Il y a encore beaucoup de choses à dire sur ce livre qui m'a beaucoup plu mais je m'arrête ici

Je voudrais encore remercier l'éditeur Le grand miroir , Renaissance du livre pour l'envoi de ce livre .
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Soleil fané

Soleil fané c'est le titre d'une chanson vietnamienne .

Ce livre fait suite au journaliste français mais peut être lu séparément

Tyuet nous raconte comment elle a définitivement perdu son pays en 1975 , juste au moment où elle termine ses études en sciences politique à l'université libre de Bruxelles , où elle devait retourner dans son pays retrouver sa mère , les accords de paix mettant fin à l'interminable guerre du Viêt Nam sont signés , le sud réunifié devient alors communiste , et les représailles , les règlements de compte qui suivent hélas toute guerre commencent .

Les camps de rééducation font leur apparition , la délation est largement encouragée par les ´ vainqueurs ´ , c'est l'exode massif connu sous le nom de

Boat peoples .

Tuyet est inquiète pour sa mère , farouche anticommuniste , ennemie du régime vainqueur car elle vient d'une famille aisée , Tyuet nous raconte les circonstances à la fois tragiques et rocambolesques du départ de sa mère vers les États Unis .

J'ai beaucoup aimé les pages où l'auteur oppose les deux camps ennemis , chacun croyant servir la bonne cause , la liberté de son pays

Qui a raison , qui a tort dans une guerre fratricide , les souffrances sont les mêmes , les jeunes gens mutilés , les enfants qui garderont des séquelles psychologiques toute leur vie pour avoir été bombardés pendant leur enfance , les veuves , les orphelins ont le même chagrin

Un témoignage poignant sur ses vies brisées , sur la culpabilité du gouvernement américain qui va aider la diaspora vietnamienne sur son sol , dans d'autres pays et même au Viêt Nam , la vie qui recommence doucement pour les réfugiés .

Une petite note personnelle , l'évocation de madame Leroy qui propose une chambre d'étudiante à Tyuet et lui fait découvrir les speculoos m'a émue ....

Une belle lecture .



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927

Tuyet-Nga Nguyen est d’origine vietnamienne et a quitté son pays à l’âge de 18 ans pour poursuivre ses études. Après avoir voyagé dans plusieurs pays, elle dépose ses valises en Belgique.



Pendant la période du Covid, un ex-général vietnamien lui demande de traduire les mémoires d’un certain Loc Vang. Elle n’a jamais entendu parler de cette personne; ses mémoires ont été publiées au Vietnam en 2018 sous le titre anglais de ‘The Melody of Fate’ (la mélodie du destin).



Elle hésite pendant plusieurs mois et finalement accepte.



Et là c’est un choc émotionnel qui l’attend ainsi que le lecteur.



Nous sommes en 1968 en pleine guerre du Vietnam opposant le Nord au Sud. Loc Vang était un fan de musique Nhac Vang, des chansons parlant d’amour, assez poétiques et mélancoliques. Cependant ce style de musique fut banni par le gouvernement nord-Vietnamien car considéré comme déviant et entraînant soi-disant les jeunes dans une sorte de dépradation et d’oisiveté.



Loc Vang qui chantait dans un groupe de Nhac Vang fut arrêté ainsi que ses amis musiciens. Un procès s’en suivit tout à fait risible et qui condamna Loc Vang à 10 ans de prison.



A sa sortie de prison, Loc Vang se rendit dans un café et qu’entendit-il? Des chansons Nhac Vang !!!



En effet entretemps le Nhac Vang avait été réhabilité mais le procès de Loc Vang n’avait lui pas été revu et il continua donc à croupir en prison.



Loc Vang avait aussi une fiancée qu’il finit par épouser, Mai. Mai malheureusement décéda trop tôt. De nombreuses pages sont consacrées à l’amour inconditionnel qui les unissait.



Le livre oscille donc continuellement entre le récit de Tuyet et de sa propre vie et la traduction des mémoires de Loc Vang (en italique).



Un témoignage bouleversant qui nous rappelle les abus, violences, absurdités et corruption d’un régime soi-disant communiste que ce soit au Vietnam ou en Chine à l’époque de la révolution culturelle.



Si vous voulez en savoir plus sur Loc Vang aujourd’hui âgé de 78 ans, taper son nom sur You Tube, il y a plusieurs vidéos de Loc Vang chantant du Nhac Vang.



C'est un ♥♥♥♥♥
Lien : https://nathavh49.blogspot.c..
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Soie et métal

Quel magnifique roman ! A la fois poignant et fort intéressant ! La sensibilité de l'auteure nous fait entrer dans la vie des personnages et nous donne une vision intelligente de ce qui s'est passé au Vietnam durant et après la guerre. Une humanité déchirée mais capable d'une belle hauteur de sentiments ! Une lecture recommandée !
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Soleil fané

Ce roman auto biographique s'intercale entre « le journaliste français » et « les guetteurs de vent ».

Rappelons qu'il s'agit de la vie de l'auteure, l'enfance dans la Saïgon des années 60, l'exil avant la défaite du Sud et les poignantes retrouvailles avec le père dans sa seconde vie en Belgique.

Dans ce second volet, on suit l'auteure dans le début de sa nouvelle vie de jeune femme en exil, Vivre coupé(e) de ses racines ou pire ne pas les connaître est un vrai défi pour se construire.

Mais Tuyet a la force en elle et a la double chance d'une part d'avoir obtenu un pays d'adoption juste à temps, la sympathique Belgique, et d'autre part de pouvoir ponctuellement retrouver en Floride une partie de sa famille exilée dans cette diaspora vietnamienne envers laquelle les gouvernements des USA assument une prise en charge.

Commence une angoissante attente des retrouvailles avec Kieu, la maman de Tuyet, attente qui apparaît de plus en plus chimérique.

Car le pays est devenu un immense espace de souffrance, misère matérielle avec un sabotage organisé par le régime des conditions matérielles d'existence du peuple, doublé d'une prison envers les populations « libérées ».

Les ennemis du peuple perdent tout et doivent faire l'objet d'une « rééducation » dans des camps de concentration.

Kieu réussit à survivre dans des conditions effroyables réservées aux adversaires désignés comme étant irrécupérables, autrement dit condamnés à mort de facto.

Le lecteur retrouvera dans ce livre les qualités des deux autres opus : un style sobre, qui n'exclut pas la grande profondeur et le lyrisme et même la joie. Un hymne à la vie, pas avec grand orchestre mais une immense tendresse à la sauce aigre douce comme il se doit.

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Les guetteurs de vent

Ce livre suit "le journaliste français" et "soleil fané", romans autobiographiques de la vie de l'auteure, son enfance.dans le contexte dramatique de la guerre dans la Saîgon des années 60 et après.



Tuyet est seule, une mère intermittente, mondaine et son père présumé mort à Dien Bien Phü. Tuyet a quitté le Vietnam avant la chute de Saïgon a fait sa vie en Belgique. Un jour elle reçoit une lettre du Vietnam, de son père....



Il est vivant, il a mené une vie errante misérable et justifiera son silence par une noble motivation. Il s'est effacé pour ne pas détruire la famille recomposée qui offrait à sa fille un cadre de vie qu'il était incapable de lui offrir. La réalité est plus sordide, il est définitivement broyé par la traumatisme de la guerre, incapable de revenir à une vie sensible, affective apaisée.



Après plusieurs années, le statut de réfugié obtenu en Belgique, les retrouvailles, plutôt la découverte de ce père qu'elle n'a jamais connu. Son coeur bat la chamade, espère, prête à s'embraser. Il y a tant à découvrir à se dire..



Tuyet découvrira e silence, l’indifférence de ce père mais l'accompagnera jusqu'au bout.



Un roman d'une infinie tristesse mais la profondeur des émotions, le style attachant justifient pleinement sa lecture.



Sur un mode plus personnel ce livre m'a singulièrement ému par l'évocation de situations très proches de mon vécu.

Je remercie l'amie qui m'a recommandé ce livre

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Soleil fané

Tuyêt-Nga Nguyên nous offre à travers "Soleil fané" un oeuvre magnifique empreinte d'un lyrisme rare. Cette caractéristique lisse les arêtes trop vives des épreuves de la vie qui ont blessés à jamais les personnages principaux de cette autobiographie.



La lecture de cet ouvrage m'a ramené à mon adolescence, au début des années 70, lorsque je découvrais avec tristesse le sort cruel des Sud-Vietnamiens lors de la chute de Saïgon. Je me suis remémoré les images terribles qui passaient en noir et blanc à la télévision montrant les derniers combats, le dernier hélicoptère quittant l'Ambassade des Etats-Unis alors que la foule se pressait au portail pour fuir un destin qu'elle savait funeste. Très loin des vues utopistes des pacifistes américain et européens qui voyaient dans cette guerre une guerre révolutionnaire dont l'issue amènerait la paix et la réconciliation. L'histoire nous a montré combien cette paix pouvait être marquée par l'horreur. Car comme l'écrit l'auteur "Il n’y a pas que la guerre qui tue , ma chérie , certaines paix tuent aussi , en silence".



J'ai particulièrement apprécié la démarche de l'auteur qui s'est attachée à expliquer le désarroi d'un peuple abandonné alors qu'il vivait en guerre depuis 1946 et que le mot "liberté" ne prenait aucune consistance malgré le prix des sacrifices consentis et du sang versé.



En parallèle, elle a inscrit le parcours individuel de sa famille empreint de la dimension tragique du parcours de vie des sacrifiés de l'histoire. Une somme de destins d'hommes et de femmes fiers, conservant la tête haute face à la barbarie communiste et refusant de se soumettre face au totalitarisme. Jusqu'à l'impératif de l'exil.



Et là, dans le récit de Tuyêt-Nga Nguyen, j'ai retrouvé des portraits semblables à ceux d'amis vietnamiens que j'ai connus lors de leur arrivée en France en 1975. Amis dotés d'un courage extraordinaire et d'une phénoménale résilience qui leur a permis de réussir en partant de rien dans un pays qu'ils ne connaissaient pas. Conscient de leurs droits et devoirs au sein de leur pays d'accueil. A l'instar de ceux-ci, l'auteur et sa famille forcent l'admiration à travers leurs parcours individuels.



Ce roman prend place dans une série d'ouvrages. Sa lecture, tant dans le fond de l'oeuvre que dans sa forme profondément empreinte de poésie, donne véritablement envie d'acquérir les autres volumes.



Un livre magnifique, beau et cruel à la fois, que je recommande sans hésiter.
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Soie et métal

Comment définir un roman alors que la dernière page tournée, il donne l’impression que plus rien ne sera pareil. Il y aura l’avant et l’après notre lecture. Voici un signe, un signal sans polémique, aucune, « Soie et Métal » rédigé par « Tuyêt-Nga Nguyên » fait partie des incontournables.

Ainsi, dès la première page, l’intrigue se met en place sans le moindre essoufflement. Plus tard, ce tourbillon de vies va nous offrir la force d’oublier notre personnalité. Nous voici entraînés au cœur d’un orage de sentiments contradictoires. L’amour est une aventure précieuse qui conduit les élus de Cupidon à prendre des décisions qui peuvent blesser et sublimer en forces parallèles. Mais ceci, même si l’on peut convenir que nous abordons le fil rouge du roman, n’est rien en comparaison de la douceur d’une écriture habilement sculptée. Ici, c’est comme si Tuyêt-Nga Nguyên s’était lancée dans la conception d’une pièce d’orfèvrerie. C’est réussi, j’en suis le témoin, je tremble d’émotion et j’ose prétendre que voici un texte remarquable.

Les incendies des âmes s’éteignent-ils, à l’image de ceux des forêts ?

« Les incendies des âmes s’éteignent-ils, à l’image de ceux des forêts ? » Comment répondre à ce cri lancé par l’écrivaine ? Comment lui transmettre qu’à travers son écriture nous avons aimé, souffert, hurlé parfois en raison des pages qui s’offraient à nos yeux sans deviner la suite, sans deviner que le mot « fin » servira à éponger nos larmes. Car oui, les larmes fleurissent, tantôt de joie, de révolte ou par dépit. C’est ainsi, cette rosée de l’âme vient éclore quand on ne l’attend pas. J’ignorais que la tendresse pouvait mouiller les yeux, j’ignorais que l’on peut fusionner avec des destins virtuels. Une famille décrite sur le papier se fait fusion abstraite tout en guidant nos pas. Nous découvrirons des révoltes indispensables, des êtres qui s’avancent sur un chemin difficile à appréhender, est-ce la route de l’équité ?

Comment puis-je ouvrir un autre livre après cette lecture si belle. Ce roman nous attache le regard, nous fait vibrer les sentiments, nous dévoile des horizons surprenants.



https://babel.art.blog/2019/12/02/soie-et-metal-tuyet-nga-nguyen-academia/?fbclid=IwAR2LLsiU1SeIKm3zzQLmvOd4yZF62Wh3wcgQvidb5h-w0pmDE-B9-WRJZSU


Lien : https://babel.art.blog/2019/..
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Soie et métal

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Le journaliste français

Un ouvrage plein de pudeur et de poésie où l'histoire tragique du Vietnam marque une enfant dont l'existence est prise entre rêve, réalité et espérance.



L'héroïne est une enfant vietnamienne de 10 ans qui parle et raconte ses pensées, ses sentiments, ses réflexions. Elle rencontre lors d’un attentat à la bombe un journaliste français qui la sauve et celui-ci va remplir son cœur d’attentes pendant de nombreuses années. Il est un peu le père qu'elle n’a pas eu - présumé mort à la guerre - et elle reporte tout son amour sur lui. Elle oscille au fil des pages entre espérance et peine.



Elle vit dans un pensionnat et a une mère peu présente avec qui elle ne parle pas de se qui l’habite. Focalisant sur le vide affectif qu'elle ressent et qui l'empêche de mesurer la force d'un amour maternel rendu difficilement perceptible du fait d'un engagement politique pourtant motivé par le souci de participer activement à une vie meilleure pour elle et ses proches.



Je recommande la lecture de cet ouvrage plein de tendresse.
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Soie et métal

Huit années se sont écoulées et Clara n’a toujours pas fait le deuil de cette famille qui s’est délitée brusquement, dans la douleur, l’incompréhension et au final dans la haine. A-t-elle seulement écouter les explications ?

Clara a souffert, a touché le fond et avec force et courage et pour son père, elle a repris sa vie en main. Aujourd’hui, étudiante en médecine, elle se consacre à ses études et son amoureux. Mais son cœur a ses blessures qui n’ont jamais cicatrisé. Dans l’euphorie du retour de ses vacances, elle ne prête pas gare à l’enveloppe qu’elle ouvre. Alors que son contenu s’étale sur sa table, le passé surgit comme un vilain clown dans sa boîte. Sentiments ambigus, elle prend part de la lettre. Intrigante mais trop blessante pour qu’elle y accorde toute son attention. Poussée par la rage, elle veut juste renvoyer le colis à son destinataire. Mais le destin s’en mêle, les déconvenues et une petite part de curiosité la poussent dans des souvenirs douloureux.





Journal intime, récit romanesque, l’histoire de sa mère se tient dans ce carnet. Son auteur, inconnu, relate la vie de deux hommes et d’une femme et d’un pays en guerre. T-N.N invite son lecteur dans une aventure tortueuse et dangereuse au cœur d’un pays divisé et détruit par la folie humaine et préservé, tant soit peu, par des hommes et des femmes d’honneur. T-N.N explore avec magnanimité l’Histoire du Vietnam. Une immersion dans le passé douloureux où héritage, désespoir, espérance, fuite, abandon, destruction sont détenus dans une boîte de pandore. Un fois ouverte, les émotions et les sentiments contradictoire déferlent tel un tsunami. Une destinée houleuse mais merveilleuse. Une histoire touchante. Un voyage menant à l’amour.





Une nouvelle la collection Evasion nous fait découvrir une incroyable histoire. Le mot exotique ne me convient pas pour décrire ce roman. Existe t-il un mot pour décrire l’immensité qui se trouve au sein de ces pages ? SOIE ET MÉTAL, porté par la très belle plume de T-N.N, est sans contexte une très belle découverte alliant avec sensibilité des histoires d’hommes et de femmes portés par l’amour dans toute ses déclinaisons.
Lien : https://lesmisschocolatinebo..
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Le journaliste français

Livre lu entre un Duong Thu Huong et les « mille printemps » d’Yveline Feray, autrement dit l’entrée dans ce livre a été progressive, un peu comme écouter sans transition « la flute enchantée » de Mozart et les variations de Golberg de Bach.

Il s’agit d’un roman autobiographique par lequel l’auteure relate son enfance avec finesse et spontanéité. Tuyet est alors une petite fille scolarisée en primaire dans une école catholique de culture française à Saïgon dans les années 60 avec cet affreux contexte de guerre cruelle qui n’en finit pas de déchirer le Vietnam.

Elle essaie de se construire dans cet environnement et dans un cadre familial singulier avec un père disparu, sans doute mort et une mère aimante mais si distante. Fort heureusement, Tuyet vit malgré tout dans un milieu protégé, les solides murs de son internat scolaire et les traditions familiales l’entourent d’un rempart, affectif celui-là, bienveillant.

Mais Tuyet se construit son univers onirique enrichi de livres et d’une rencontre fortuite.

Grande lectrice, elle noue des liens privilégiés avec la soeur bibliothécaire qui lui permettent d’emprunter à volonté et gratuitement des livres, véritable luxe.

Et puis cet attentat sanglant sur une place de Saïgon dont Tuyet sort indemne physiquement ; un homme prend soin d’elle et la raccompagne jusqu’à sa porte. Cet homme c’est le journaliste français qui ne va cesser de stimuler son imagination, ses rêves, ses attentes. Elle le cherche. Cet homme, pas besoin d’être docteur es psychologie pour comprendre que c’est la figure du père protecteur, qui manque cruellement.

La quête douloureuse pour cet homme, c’est aussi le symbole d’une enfant écartelée entre deux cultures, celle de son enfance biologique, à travers cette mère distante qu’il faut respecter à travers les codes de la tradition et la culture française apprise à l’école, dans les livres. Plus âgée, Tuyet aura un choix dramatique, traumatisant à faire

Au total un livre émouvant, à l’ambiance aigre douce, qui parlera tout particulièrement au lecteur pris (égaré ?) entre deux cultures, notamment française et vietnamienne

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1968, Nord Viêt-Nam. Pour avoir chanté dans un orchestre de chansons désormais considérées comme déviantes, le jeune Lôc est arrêté, torturé puis condamné aux travaux forcés.



2020, Belgique. La narratrice ne connait pas Lôc Vàng, ni de visage ni de nom.

Je n'ai jamais entendu parler de lui jusqu'à ce jour, il y a deux ans et demi, où un général, ou plutôt un ex-général, m'envoya un mail. « Chère Tuyêt-Nga, accepteriez-vous de traduire en français un livre écrit par un compatriote vivant au pays et retiré de la vente par les autorités ? ».

Je connais le général.

Toute la diaspora vietnamienne connaît son histoire.

Officier de l'Armée populaire pendant la guerre du Viêt-Nam (VN), il occupait un rang assez important au sein du Dang, le parti communiste, pour figurer sur le perron du Palais de l'Indépendance de Saigon lorsque, le 30 avril 1975, le Sud remit sa reddition au Nord. Celle-ci clôturant une guerre longue de 20 ans. Le moment était historique.



- Pourquoi cet ouvrage a-t-il été retiré de la vente par le régime ? voulus-je savoir, alors que je savais déjà.

- Pour atteinte à la sécurité de l'Etat me répondit-il, en effet.



Le tort du livre était d'avoir été bien accueilli par le public à sa sortie, un succès qui lui avait valu l'attention des autorités lesquelles, se penchant sur lui et l'ayant déclaré subversif, avaient ordonné sa saisie, l'interdiction de le lire et celle de le diffuser, le contrevenant risquant la prison, voire l'exécution, pour crime de haute trahison.

- On ne craint rien à l'étranger, avait conclu le général, comme s'il voulait me rassurer, nous confie la narratrice. Faites-le pour la cause.



En réalité, l’auteure avait sa famille, ses petits-enfants. « J’avais aussi d'autres livres à écrire et il m'était arrivé de penser que je ne vivrais pas assez longtemps pour les écrire tous. Je travaillais aussi sur un manuscrit que je voulais terminer au plus vite afin d'en commencer un autre dont j'avais déjà le sujet en tête. En un mot, je n’avais ni l’envie, ni le loisir de faire ce que le général voulait que je fasse. Il me demanda de ne pas me décider avant d'avoir lu les « Mémoires » qu'il joignit du coup à son mail. Je les imprimai et les lus. Que pouvais-je faire d'autre ? Le texte m’émouvait. Le traduire ne m'emballait toutefois pas, mais j’en fis la promesse au général.



En effet, le travail s’avérait ardu.

On ne dit pas faire l'amour en vietnamien, on dit l'union du nuage et de la pluie (allez savoir qui est le nuage et qui est la pluie, dans l'affaire).

On ne dit pas je souffre d'être séparé(e) de toi, on dit un filet de nuage coupe la lune en deux.

On ne dit pas j'en sais rien, on dit plante ton échelle et grimpe poser ta question au Ciel. .

Et ainsi de suite…



Lorsque contre toute attente, le général mourut.

La mort du général m'affecta profondément. Toutefois en l'emportant, elle emporta aussi ma promesse envers lui, dont nous étions par ailleurs les seuls à connaître l'existence. Je rangeai donc les « Mémoires » dans un tiroir où ils dormiraient d’un sommeil sans réveil.



L’auteure s’en retourna à ses propres écrits…

Mais…



J'écrivais avec délices et malice et en étais à la page trente-quatre de mon nouveau manuscrit quand cette idée m'apparut. Cette idée selon laquelle, si l'on peut revenir sur une promesse donnée à une personne encore en vie en allant la trouver pour s'en expliquer et s'en excuser mille fois au besoin, on ne peut pas se le permettre vis-à-vis d'une personne disparue car elle n'est plus là pour nous entendre. Cette idée selon laquelle, loin d'effacer la parole donnée, la mort la rend sacrée, que la mienne au général était gravée dans le marbre, le marbre de sa tombe. L'image m'effrayait. Pour la chasser, je fis appel à une autre promesse, celle faite à moi-même de ne plus écrire sur le pays d'où je venais et qui était antérieure à celle donnée au général. L'ordre des choses, avait-il dit.

L'ordre des choses, dis-je au banc, dans la forêt.

Il était muet comme un banc. Mais je l'entendais penser : « Tu n'es pas morte. »

Les dés en étaient jetés.



Rentrée chez moi, je sortis les « Mémoires » de leur tiroir. Puisqu'il fallait les traduire, autant essayer d'en faire un livre et poursuivre de mon mieux l'objectif du général. Je les relus, repérai les passages à compléter, fis des recherches, pris des notes, réfléchis à une meilleure narration, puis je me traitai d'imbécile : les Mémoires n'avaient pas besoin d'être remaniés. En l'état, ils étaient le fruit d'un travail, celui de leur auteur, ils étaient son histoire, racontée à sa façon. Je n'avais pas à y toucher.



Cet ouvrage, ce roman, est l’histoire d’une traduction, de la découverte du jeune Lôc Vàng, de ses idéaux de jeunesse et de sa renonciation à ce qu’il appelle l’illusion du paradis sur terre. C’est l’histoire d’un récit taillé dans une étoffe plus rigide que celui des pantalons vietnamiens.

Restait à lui trouver le meilleur titre…



Par la vertu de quelques mots. Les mots ont beaucoup de pouvoir. Ils vous jettent en prison, comme ça. Ils vous prennent votre vie, comme ça.

Ils vous en sortent, comme ça.

Ils vous la rendent, comme ça.



Un livre haletant et d’une construction originale !



Lauréate du prix des Lycéens pour Le journaliste français, son premier roman, Tuyêt-Nga Nguyên a été finaliste en 2020 du prix des Cinq continents pour Soie et Métal (Academia).


Lien : https://lesplaisirsdemarcpag..
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Les guetteurs de vent

"Les guetteurs de vent" ferme la trilogie qui lui a permis de dire à ses enfants, nés de père belge, ce qu'elle a toujours tu : l'autre moitié de ses origines.

Dans cet ouvrage l'auteure retrouve un père qu'elle n'a pratiquement pas connu . c'est l'histoire d'une rencontre entre deux êtres si proches par le sang et pourtant si éloigné par la vie . C'est aussi pour l'auteure la redécouverte de ses racines vietnamiennes un peu oubliées dans son exil. Un livre émouvant et même bouleversant par moment comme l'étaient les deux précédents ouvrages. Une trilogie qui permets d'appréhender un peu ce que fut cette tragédie que la guerre du Viêt Nam .
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Soleil fané

"Soleil fané" est son deuxième roman.Toujours largement autobiographique elle y raconte la fin de la guerre du Viêt-Nam tel qu’elle l’a vécue avec d’autres compatriotes qui comme elle sont loin de la mère patrie. Ce livre paraît être ainsi un exutoire pour l’auteure, en transmettant cette part d’elle-même qui contribue à sa douloureuse construction. Elle offre un éclairage personnel sur cette partie de l’histoire du Viêt Nam en même temps qu’elle évoque quelques pensées intimes.Le titre du roman évoque une chanson vietnamienne qui exhorte l’auditeur à ne pas désespérer. Dans un style simple et efficace, Tuyêt Nga Nguyên livre un récit empreint d’une délicate fougue. C’est une tranche de vie émouvante et poétique..
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Le journaliste français

Tuyêt-Nga Nguyên a grandi dans cette époque douloureuse où le Viêt Nam, après avoir acquis son indépendance contre la France, se déchire entre un nord communiste et un sud libéral, tandis que se profile l’ombre de ce que l’Histoire nommera "guerre du Viêt Nam". Elle quittera le pays à 18 ans et rejoindra la Belgique afin d'y poursuivre ses études.Vivant encore actuellement à Bruxelles, Tuyêt-Nga Nguyên nous livre avec"Le journaliste français" un témoignage tout en grâce de ces années tragiques.Un livre tout en pudeur. Un premier roman, autobiographique, très attachant nous parlant d’une enfance dans le Viêt Nam des années ‘60. Un rencontre avec l’innocence malgré la violence qui se déchaine autour d'elle.
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Belgiques, tome 15

Belgique est un recueil de nouvelles écrites par Tuyêt-Nga Nguyên, une belge d’origine vietnamienne. Peu amateurs du genre, je me suis pourtant plongé dans ce petit livre avec plaisir. Belge moi-même, je me suis retrouvé dans les lieux, les histoires, les ambiances et la Belgique que je connais bien mais observés avec un autre regard.
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Les mots d'amour, je les aime tant

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