S'il y a une couleur que le Danube ne prend jamais,
c'est bien le bleu.
Gris mastic, marron boueux, rougeâtre, kaki sale,
tous ces tons-là et leurs variantes intermédiaires
massacrent les beaux rêves romantiques qui viennent le contempler de la berge.
De temps à autre, aux endroits où les bateaux s'amarrent en groupe,
le fleuve se pare d'un aspect miroitant
quand le soleil fait scintiller une pellicule de gasoil
et y allume des reflets gorge-de-pigeon iridescents.
Les soirs de nuit profonde, quand les nuages masquent les étoiles,
il est aussi noir que le Styx.
Mais eu Europe centrale, à l'aube du nouveau millénaire,
la traversée coûte plus qu'une simple pièce.