Mais en novembre, quand vint le moment de quitter l'hôpital, ce moment attendu avec une telle impatience qu'il aurait aussi bien léché ses blessures pour le hâter, ce fut le coup de massue : rejoindre l'unité. Pas de permission, rejoindre l'unité. Il avait été tellement certain de rentrer chez lui que pendant longtemps il n'arriva pas à réaliser la chose, il crut qu'il s'agissait d'une erreur, il courut trouver les médecins, se mit à expliquer, à s'énerver, à crier. Personne ne voulait l'entendre : "apte à combattre". Un point c'est tout. On le mit à la porte de l'hôpital, revêtu d'un uniforme, un livret de soldat et un carte de rationnement à la main.
"Vas-y, Andreï Gousskov, rattrape ta batterie. La guerre n'est pas finie."
La guerre se poursuivait.