Valentine Stergann

“Suis-je en train de devenir fou ?
À deux doigts de prendre mes jambes à mon cou ou de hurler, je tente de me calmer en comptant chacune de mes respirations.
Une… Je devrais partir.
Deux… Tout de suite.
Trois… Pourquoi son regard me trouble autant ?
Quatre… Il n’a pas l’air dangereux.
Cinq… Je pars en vrille… Personne ne peut voir les fantômes.
Six… Qu’est-ce que je fais encore ici ?
Sept…
— Est-ce que tu m’entends ? murmure-t-il.
Perdu dans mes pensées, je sursaute. Oui, je l’ai entendu. C’est donc forcément ma théorie du jumeau qui est bonne. Il est secrètement venu venger la mort de son frère. C’est beau et poétique. Étrangement, il semble aussi dérouté que moi, puis, soudain, il éclate de rire.
— Cool, tu me vois, mais tu ne m’entends pas !
Ensuite, il se met à chanter :
— Est-ce que tu m’entends hé ho, est-ce que tu me sens hé ho…
Théorie du jumeau ? Complètement foireuse.
Je suis donc bel et bien en train de devenir cinglé. Je vois un fantôme. La blague ! Un fantôme qui chante du Tragédie qui plus est. On aura tout vu !
Choqué par son attitude enjouée et dévasté par mon cerveau qui part en cacahuète, je reste à l’observer avec des yeux ronds avant d’oser dire :
— Je t’entends.”