Je me suis rendu à Auschwitz le lendemain de sa libération. Il est impossible de restituer le sentiment de détresse et de colère qui s'est emparé de nous à la vue de ces visages exsangues, de ces yeux de martyrs. Nombre d'entre eux n'avaient même pas la force de se réjouir. Dans un plan du film, on voit une petite vieille aux cheveux blancs et au sourire édenté: elle avait tout juste 20 ans. Mon collègue et ami Nikolaï Bykov n'a pas pu filmer et n'est pas resté. En effet, Auschwitz ébranlait nos sentiments et notre volonté. 35 jours durant, nous avons filmé le camp de la mort tel que les fascistes l'avaient abandonné.
Kenan Kutub – Zade, opérateur russe