Dans la maison, c’était la panique. Qu’un taulard vienne leur rendre visite, les deux vieillards n’arrivaient toujours pas à y croire. Liouba leur avait pourtant montré le télégramme que Iégor lui avait envoyé, ça leur semblait incroyable. Et pourtant, cela s’avérait vrai, purement et simplement.
— Maudite effrontée ! se lamentait la vieille. Mais que veux-tu faire avec une fille de cette impudence ? J’pouvais rien faire…
— Surtout, ne laisse pas voir que nous avons la trouille, ce genre de truc, la sermonnait le grand-père. Des… brigands, on a en vu d’autres ! Un nouveau Stienka Razine !
— Nous sommes pourtant bien obligés de l’accueillir, non ? dit la vieille, faisant la première cette réflexion. Comment faire autrement ? Ah, ma tête, je ne sais plus quoi penser…
— Si. On fera tout comme il faut, mais en ouvrant l’œil. Nous allons peut-être risquer nos vies, grâce à notre fille. Ah, Lioubka, Lioubka…
Liouba et Iégor firent leur entrée.
— Bonjour ! dit Iégor avec affabilité.
En réponse, les deux vieillards inclinèrent la tête… Et se mirent à dévisager Iégor, le fixant dans le blanc des yeux.
— Voici donc notre comptable, fit Liouba comme si de rien n’était. Ce n’est pas du tout un bandit de grand chemin, il a été victime de… d’un…
— D’un malentendu, suggéra Iégor.