Les sauriens ne sont pas effrayés par les pleurs inhumains de l'homme, pour autant qu'il s'agisse encore d'un homme.
On dirait que l'écho répété de ses sanglots va finir par fissurer les parois de la grotte, à l'image des fractures sismiques qui se succèdent en lui.
Il vit tout en se sentant mourir, simplement, deux sensations opposées, qui se superposent, ouvrant en lui un vide abyssal.
Et le temps, comment avat-il pu s'enfuir ainsi, où était-il passé pour nous laisser ainsi, livrés à ce misérable présent, pour nous abandonner à ce jeu que nous ne comprenions pas, qu'était devenu le mystère de la vie, l'envie de la dévorer, l'absence de peur, la sensation que la mort ne pouvait nous atteindre, d'être vivants à jamais même si nous devions mourir un jour? Qu'en était-il de ces grands ciels d'azur, de cette longue sensation de l'enfance, à quel moment s'était-elle éteinte pour nous changer en adultes, nous accabler de soucis et nous apprendre que la vie est courte, qu'elle nous échappe, qu'elle s'enfuit, qu'elle n'est plus qu'un soleil mort, que tout, mais tout, se termine par un putain de point final, sous une croix, au cimetière, avec le vent qui s'insinue dans les jointures d'un cercueil et les fissres d'un caveau. Ce n'est pas juste, ce n'était pas juste.