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Citation de Charybde2


Une des premières planches de salut, avec la nature, est la lecture, pharmacie itinérante qui offre des remèdes non pas de bonne femme mais de petite fille,
j’ai trouvé ce matin en partant pour l’école, posé sur la poubelle, un vieux livre d’images sur les samouraïs – il n’y a pas de bons endroits pour les livres, surtout pas dans une bibliothèque où ils dorment le dos tourné comme des personnages qui auraient des dossards avec leurs noms – dans lequel on découvre (les photos en noir et blanc datent des années cinquante) des hommes couronnés de curieux petits chignons, l’air déterminé, vêtus de pantalons amples tenus par de simples cordelettes et armés de plusieurs épées, regarder dans le lointain ou peut-être est-ce à l’intérieur d’eux-mêmes,
chaque chapitre porte sur le quotidien de ces maîtres, nourriture, combat, exercices, sommeil,
l’un d’entre eux témoigne qu’un bon samouraï ne dort jamais, qu’il se pose la nuit tombée, lorsque le soleil se fait safrané avant de tourner au bleu de cinéraire, devant sa cabane en bois, assis en tailleur, les jambes repliées sous son pantalon qui ressemble à une jupe, il descend la grille de ses paupières tout en restant éveillé derrière, sensible à chaque respiration de la nature qui l’entoure, et au moindre bruissement suspect il se tient prêt à dégainer son sabre,
dormir comme un samouraï, c’est ainsi que désormais je passe mes nuits faisant la peau à l’insomnie, assise sur mon lit je veille, mes yeux sont fermés et je guette, détendue mais présente, et jamais je ne me suis sentie aussi bien au réveil,
mais ce n’est pas mon seul refuge, il y a aussi ma relation avec les oiseaux, ils me parlent dès l’aube, ma période préférée reste le printemps lorsqu’en mars les femelles construisent un nid entre mes persiennes, je les entends s’y heurter pour se glisser jusqu’à leurs petits, nourrir ces becs cannibales qui gueulent plus fort que leurs parents, bonnes mères elles s’acharnent à remplir ces outres piailleuses qui un beau matin prennent leur envol se mêlant à ce que j’appelle « les arbres qui parlent », quand du fond de leurs humeurs botaniques leurs congénères les accueillent, ils m’accompagnent durant tous les beaux jours, je dépose des miettes sur le rebord de ma fenêtre et ils profitent de mon absence pour organiser leurs excursions magnétiques, j’en aperçois un parfois qui me toise de ses yeux de cristal culotté,
je suis Blanche-Neige et les oiseaux élèvent leurs petits dans mes cheveux, ils volettent autour de moi comme des ventilateurs colorés, dans cette forêt embaumée les animaux viennent manger des baies au creux de ma main, l’encensoir des grands chênes me berce de leur humidité, la gourmette des feuilles d’or cliquette dans le petit matin, l’angoisse est momentanément en pause…
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