Pour me consoler, il me racontait que la nuit, des lutins venaient porter secours aux enfants injustement punis et que si je laissais mon cahier ouvert à la bonne page, ils se chargeraient du boulot. Je m’endormais tranquille, la tête peuplée de petits bonhommes coiffés de chapeaux à pompons verts et chaussés de babouches jaunes. À mon réveil, je découvrais avec ravissement ces satanées lettres écrites proprement au stylo plume que sœur Jeanne tolérait pour les devoirs à la maison. Je repartais à l’école le cœur léger. Cette idiote tyrannique n’y voyait que du feu. Ma mère trouvait que mon père ne me rendait pas service en copinant avec les lutins.