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Citations et extraits (8) Ajouter une citation
En 1996, le comité des fêtes s’appropria le concept du gros croissant et baptisa le vide-greniers Fête du Gros Croissant. À partir de ce moment-là, le nombre de visiteurs ne cessa d’augmenter et la Fête du Gros Croissant prit une ampleur inattendue. Pour fêter le deuxième millénaire, deux mille gros croissants furent vendus. Ce chiffre entra dans le Livre Guinness des records.
Les années suivantes, plus de quinze mille personnes déferlaient sur la commune en une seule journée. Trois tonnes de pâtes feuilletées étaient nécessaires pour fabriquer les six mille gros croissants qui se vendaient comme des petits pains. Les champs aux alentours étaient réquisitionnés pour accueillir les six cents exposants. La foule était si dense qu’il fallait trente minutes pour traverser le village et atteindre les stands de frites et les barbecues géants installés près de l’étang où une centaine de bénévoles s’affairaient pour satisfaire l’appétit de tout ce monde. Des journalistes venaient interviewer l’ancien boulanger qui ne manquait jamais de leur rappeler que c’était parce qu’il avait contrarié sa femme que tout ce bazar avait lieu. Papa répondait à leurs questions de plus ou moins bonne grâce selon que le type avait une tête qui lui revenait ou pas.
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Tu as vécu de rêves, de projets, de chimères.
Certains ont vu le jour, tu peux en être fier.
Tes voyages en Afrique étaient une aventure
Qui, racontée par toi, avait une autre allure.
Ta vie était un jeu, une drôle de friandise.
Les farces et les folies, tu nous les as apprises.
Tu nous as enseigné que malgré les soucis,
Il fallait conserver le vrai goût de la vie.
L’humour un peu sauvage dont tu usais parfois,
Conjurait tes humeurs, tes peurs, ton désarroi.
On s’est souvent moqué de ta naïveté,
Mais elle n’avait d’égale que ta grande bonté.
Dans ton métier aussi, tu n’étais pas très sage
La « Fête du Gros Croissant » en est le témoignage.
Et quand un tournesol poussa dans ton jardin,
Grandissant près de toi, il ne put rester nain.
Tu nous as demandé de tout te pardonner,
Mais te pardonner quoi ? Tu nous as tant aimés.
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Mon père étant la figure emblématique des gros croissants, il faisait appel à lui le jour du vide-greniers. Il était fier de revêtir son costume de boulanger et heureux de retrouver ses clients. Il animait le stand de ses blagues douteuses : « Si vous contrariez votre femme, je vous garantis que seuls les croissants prendront du volume ! »
D’une année à l’autre, le nombre de visiteurs ne cessait d’augmenter. Le dimanche, une véritable frénésie collective s’emparait du village. Dès quatre heures du matin, les camelots s’étalaient sur les trottoirs du bourg et débordaient sur le bord des routes. Rien n’arrêtait les touristes, pas même le mauvais temps. Mon père était ravi de voir cette cohue déferler dans son village pour faire honneur à ses gros croissants. Je ne crois pas qu’il en tirait de l’orgueil, il était juste heureux.
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Je mis du temps à m’habituer à ma nouvelle vie et à oublier le papa disponible que j’avais connu jusqu’alors : celui qui épluchait patiemment mes châtaignes chaudes tandis que ma sœur et mes frères s’y brûlaient les doigts ; celui qui écrivait mon prénom sur le bord de mon assiette avec les lettres des  « pâtes  alphabet »  du potage du soir (...) celui qui me promenait le dimanche dans une carriole à chien attelée à sa mobylette bleue ; celui que j’allais rejoindre discrètement durant sa sieste quand j’arrivais à échapper à la vigilance de ma mère. Je dus faire connaissance avec un père caméléon, excédé de fatigue, aussi généreux que cruel, aussi joyeux que colérique. Vivre sur la « planète père » devint une aventure à haut risque.
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Avec Maryvonne, ma sœur aînée, nous avions eu la riche idée de naître filles. « On ne bat pas une femme même avec une rose », déclarait papa. Si notre genre nous préservait des coups, nous n’échappions pas à ses paroles assassines quand il était en crise. Notre père était un animal sauvage que nous devions apprivoiser. Pour éviter ses attaques, il ne fallait pas être trop proche de lui, il repoussait les gens trop aimants ; ne pas être trop loin non plus, le rejet le rendait fou ; ne pas être soumis, il ne supportait pas les lopettes ; ne pas être susceptible et faire fi de ses insultes débiles et surtout, ne pas le surprendre, car la peur entraînait chez lui des réactions aussi violentes qu’incongrues.
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Pour me consoler, il me racontait que la nuit, des lutins venaient porter secours aux enfants injustement punis et que si je laissais mon cahier ouvert à la bonne page, ils se chargeraient du boulot. Je m’endormais tranquille, la tête peuplée de petits bonhommes coiffés de chapeaux à pompons verts et chaussés de babouches jaunes. À mon réveil, je découvrais avec ravissement ces satanées lettres écrites proprement au stylo plume que sœur Jeanne tolérait pour les devoirs à la maison. Je repartais à l’école le cœur léger. Cette idiote tyrannique n’y voyait que du feu. Ma mère trouvait que mon père ne me rendait pas service en copinant avec les lutins.
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Mes parents retroussèrent leurs manches pour assainir (la boulangerie). La lessive St-Marc et l’insecticide donnaient une impression de propre, cependant quelques cafards résistèrent au massacre. Ils trouvèrent leur salut en se réfugiant dans le fournil, lieu de vie prisé par les grillons. Il n’était pas question pour mon père d’exterminer les amis des boulangers.
« Grillons, signe de pognon ! » scandait-il à qui voulait les détruire.
Mon père étant un doux dingue, paranoïaque et superstitieux, le contrarier pouvait le rendre fou. Nous tolérâmes les cafards pour sauver les grillons.
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Quand l’hiver était rude, le fournil faisait office d’Armée du Salut. Mon père disposait des sacs de jute au sol dans un coin proche de la chaudière pour accueillir les vagabonds frigorifiés. Ils dormaient au chaud avant de déguerpir au petit matin, le ventre rempli de brioches et de café brûlant. Il fallait rester discret, car maman avait la miséricorde sélective malgré ses vœux de charité chrétienne qu’elle renouvelait régulièrement à l’église.
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